Tout le monde connait Réuno -personnage charismatique de la scène metal française- pour ses coups de gueule qui prennent finalement le dessus sur le côté ultra-sensible et touchant d'un artiste pas comme les autres... C'est cette facette que Music Waves vous propose de découvrir dans cette interview...
Alors j’annonce la couleur avant de commencer, nous avons décidé de poser des questions qui fâchent, susceptibles de casser l’ambiance…
Reuno : Ca tombe bien, ça m’empêchera de le faire moi-même (Rires) !
Nous allons te piquer un peu vif avec d’autant moins de scrupule que Music Waves a adoré ce nouvel album de Loforora…
Nous sommes agréablement étonnés. En effet, pour l’instant, nous n’avons eu que des avis ultra-positifs sur ce disque.
Tu avais dit exactement la même chose pour la sortie du précédent "Monstres Ordinaires"…
Mais ce n’était pas vrai, je mentais (Rires) ! Non mais c’est vrai, au moment où on s’était vu, c’était le cas -les chroniques étaient bonnes- mais ensuite, les avis des fans n’étaient pas aussi unanimes. Concernant "L’épreuve du contraire", à ce jour, nous n’avons reçu qu’un seul commentaire négatif évoquant un manque d’originalité mais à côté de ça, tu as un concours de superlatifs pour encenser ce nouvel album et ça fait plaisir…
Music Waves a eu la chance de te rencontrer en 2011, que s’est-il passé depuis ?
Il y a encore eu pas mal de dates pour le Bal des Enragés, il y a eu la tournée de "Monstres Ordinaires" qui s’est très bien passée. On était content de constater qu’encore une fois et malgré le temps qui passe, le public est toujours au rendez-vous pour venir nous voir aux concerts, ce qui n’est pas forcément évident de nos jours… Les gens ont un peu moins de thunes pour aller aux concerts même si on ne propose pas des places à 80 euros pour le Stade de France. Bref, ça fait plaisir de constater que dans des régions pas très argentées, les gens continuent à nous suivre. Mieux, le public continue de se renouveler ! Par exemple, les gens qui ont notre âge voire des plus âgés amènent aux concerts leurs enfants ado ou plus jeunes encore mais tu as également le phénomène contraire ce qui est assez drôle… Si bien qu’aujourd’hui, on a un public qui va de 15 à 55 ans voire de 12 à 60 ! C’est un vrai plaisir ! Plusieurs tribus et plusieurs générations se rejoignent aux concerts de Lofo et ça, c’est quand même assez flatteur !
En 2011 tu déclarais ceci "Aujourd’hui, investir dans la culture en France et dans la musique est conseillé par les groupes d’investissement internationaux. Donc on a des grosses machines à spectacle mais surtout à fric qui sont en train d’écrabouiller la culture dans notre pays. Donc le moyen de lutter contre ça, c’est de ne pas aller dans les gros festivals ou dans les Arenas qu’on est en train de nous construire pour faire des prix de place entre 60 euros et beaucoup plus. " - 3 ans après force est de constater que ce phénomène s'est encore amplifié. Le combat n'est-il pas perdu d'avance ?
Je ne vais pas cracher sur les gens qui veulent dépenser plusieurs dizaines d’euros pour aller voir Coldplay ou Metallica au milieu des banderoles Coca-Cola ou NRJ… C’est leur délire : ils ont le droit ! Je ne crois pas qu’il y ait de combat perdu d’avance mais c’est vrai que nous vivons une ère de tout
entertainment ! Il n’y aura bientôt plus d’industrie dans notre pays qui va se transformer en un énorme Parc Astérix pour que les touristes dépensent leur argent !
En faisant le Hellfest, qui certes est métal et ouvert mais qui reste une grosse manifestation loin d'être anti-commerciale, n'as-tu pas fait un pas vers ce genre de gros festivals ?
Je ne suis pas contre les gens qui ont de l’ambition et qui veulent entreprendre et prospérer. Après, cela dépend dans quelles conditions ils le font : c’est à partir du moment où tu le fais en marchant sur la gueule des autres que ça me dérange ! Le Hellfest est une énorme manifestation, les billets ne sont pas donnés mais en même temps, combien de groupes peux-tu voir dans la journée ? Si tu devais additionner les prix de tous les concerts que tu as vu dans une journée au Hellfest, je pense que ton total serait beaucoup plus important que le prix du billet. Et au Hellfest, il y a un respect du public dans le sens où il y a un vrai cadre : tu n’es pas parqué comme du bétail au milieu de banderoles publicitaires !
"Je suis fier qu’il n’y ait pas que des chevelus qui secouent la tête au premier rang d'un concert de Lofofora"
Une chose qui m'a toujours frappé avec Lofofora, c'est un certain décalage voire une incompréhension avec la scène métal. Alors qu'il ne fait aucun doute que Lofo est un groupe de métal il n'est pas forcément compris et vu comme tel par les fans et même les professionnels. J'en veux pour preuve le Hellfest qui a mis des années à vous mettre à l'affiche et encore à l'heure de l'apéro peu adaptée à votre statut ? As-tu cette même sensation?
Le Hellfest a mis 10 ans pour se rappeler qu’on existait et nous programmer une demi-heure à midi : on était super content d’y être même si c’est super frustrant quand tu as plus de 100 morceaux au compteur d’en choisir 6 ou 8 pour jouer 30 minutes.
Par ailleurs, je sais que Ben Barbaud n’aime pas trop les groupes français. Certes, il en programme quelques uns mais surtout pas ceux qui chantent en français. En même temps ce choix reflète la majorité des goûts des fans de musique rock extrême. Quand je fais écouter ma musique à des potes j'ai souvent droit à des : « Franchement, je pense que j’adorerais si ça ne chantait pas en français ! » (Rires) ! Je ne pense pas que ce soit du snobisme. Dans mon cas, j’adore le rock’n’roll et la soul mais dès que ça chante en français, je vais être d’un seul coup beaucoup plus dubitatif : il va falloir que la personne fasse groover la langue et la fonde dans la musique pour que ça prenne.
Pour en revenir à ta question, j’ai également en souvenir un mec qui disait qu’il n’y avait pas une once de metal dans Loforora. Mais je m’en fous ! Je vais te dire, je suis même fier qu’il n’y ait pas que des chevelus qui secouent la tête au premier rang ! Nous n’avons pas un public de clones et quand nous allons jouer au Québec, les gens disent que nous faisons du Crossover à l’instar d’un Suicidal Tendencies… qui mélange des énergies punk, hardcore voire éventuellement hip-hop dans une manière de phraser la voix. Et pour tout dire, c’est le résumé de toute ma vie : jeune, j’étais punk et je ne voulais pas être la copie du mec sur la pochette du groupe que j’adorais. A l’époque, je disais qu’être punk, c’était faire ce que personne d’autre n’avait fait avant !
"L’essence de Lofofora, c’est cette
espèce de hargne un peu punk empreinte de dérision et de second degré !"
En fait Lofofora se retrouve peut être plus dans les idées et la philosophie punk que le metal ? D'ailleurs ton tee shirt "Satan Is Gay" est à cette image ce qui peut parfois déranger les metalleux qui prennent ce genre très au sérieux...
Je ne fais pas encore dans le tout entertainment… Peut-être que ça viendra mais je ne suis pas dans le marketing. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avant d’être fan de punk rock, j’étais fan de Choron, Cavanna… Ca a été une révélation de voir qu’il y avait des gens qui pensaient ainsi. Et quand j’ai entendu le punk rock, je me suis dit que c’était la musique de cette pensée. Je n’ai pas envie de me formater pour autant, je suis
Choron for ever même si je ne vais pas monter cul-nu sur la table pour te le montrer parce que ce n’est pas mon genre de provocation. En revanche, bien évidemment quand je vais au Hellfest, j’ai envie de monter sur scène avec le t-shirt "Satan Is Gay". Remarque quand tu joues au Hellfest, que tu es dans les loges et que tu vois les black metalleux se maquiller, "Satan Is Gay" n’est pas loin (Rires) !
L'essence de Lofofora, c’est cette espèce de hargne un peu punk empreinte de dérision et de second degré !
N’est-ce pas difficile de garder l’intégrité liée à ce message compte tenu de ce que nous venons de dire ?
C’est aussi pour ça qu’on a appelé cet album "L’épreuve du contraire" (Sourire) ! Plus le temps passe, plus on a l’impression d’être contre le courant à défaut d’être à contre-courant ! On continue à faire notre chemin même si tout nous pousse à renoncer ou à passer à autre chose ou encore à l’envisager différemment parce qu’avoir cette attitude en rébellion peut paraître obsolète pour certains mais pour nous, c’est vital !
Et il faut croire que de nombreuses personnes adhèrent à cette attitude, en effet le groupe a communiqué sur Facebook qu'il était premier en vente mp3 sur Amazon…
Oui c’était le jour de la sortie de l'album mais pour tout t’avouer, ça me gave !
Cela ne va t-il-pas à l'encontre de vos valeurs, la vente de mp3 correspondant à la dématérialisation de la musique et finalement à une sorte de privatisation ?
J’essaie surtout d’éviter à tout prix d’acheter quoi que ce soit sur Amazon mais je ne peux pas en vouloir aux gens qui achètent notre musique : on leur expliquera mieux la prochaine fois (Rires) ! On a un fan bénévole qui gère super bien notre compte Facebook et en tant que fan il est super content que le groupe qu’il adore se retrouve bien vendu.
Amazon est un géant capitaliste, comme vis-tu le fait de bosser avec eux ?
On ne peut pas refuser d’être distribué par Amazon, même si ce n’est pas sa logique non plus, At(h)ome -notre label- nous ferait les gros yeux. Malheureusement, hormis vivre en ermite, la vie d’un Occidental est une vie de compromis. D’ailleurs, on nous avait attaqués sur le fait que nous avions un compte Myspace qui était soit-disant à l’encontre de nos valeurs parce que Myspace avait été racheté par Rupert Murdoch.
Mat Bastard de Skip The Use nous avait dit en interview que la meilleure façon de lutter contre le système était d’en faire partie…
Oui, je comprends, d’ailleurs mon amie partage cette vision alors que de mon côté, je suis plus un aboyeur (Rires) !
En magasin le disque est vendu à 15€, là où une nouveauté est vendue 18-20 €. Comment on fait pour être indépendant et libre en France quand on fait de la musique de nos jours ?
En ne se foutant pas de la gueule des gens, tout simplement (Rires) ! Je ne fixe pas le prix du cd, c’est le boulot de notre label At(h)ome : nous avons une confiance réciproque ce qui nous change des précédents labels !
"L'épreuve du contraire" confirme le regain de forme que l'on avait ressenti avec "Monstres Ordinaires", à savoir que le groupe retrouve cette pêche qui vous voit évoluer entre un hardcore incisif et un métal puissant mais mélodique. Il était important pour Loforora de garder cet équilibre entre les deux scènes ?
On ne le fait vraiment pas exprès ! Une répétition de Lofo : c’est une sorte de pique-nique entre potes où chacun ramène quelque chose et on essaie d'en faire un repas en fonction de ce qui a été ramené. Parfois, on part d’un riff de Daniel (NdStruck : Descieux), d’une ligne de basse, d’un plan de batterie… il y a un même un morceau 'La Tsarine' que j’ai écrit et enregistré seul à la maison avec une boîte à rythmes…
Ca peut partir de n'importe quoi et si les autres membres sont plutôt séduits par l’idée de base, on s’y met tous, on brode… et dès qu’on a un squelette de morceau, on le met de côté et on passe à autre chose. Si bien qu’au bout de trois mois, on se rend compte qu’on avait fait certaines choses qu’on avait oubliées… Et c’est là que commencent à se définir les contours de ce que sera notre futur album, c’est uniquement à ce moment qu’on commence éventuellement à équilibrer les choses en ajoutant un titre plus metal parce qu’il n’y a pas de briefing sur la direction musicale à prendre.
L’inspiration du précédent album venait du titre "Monstre Ordinaire" : "C’est un peu le portrait de la monstruosité et ses différents aspects dans notre société"… Quelle a été celle de cet album ?
C’est une phrase qu’il y a dans le morceau 'Pyromane' qui dit "Puisqu’on veut tout et son contraire"…
Est-ce un constat social ou un reproche que tu te fais à toi-même ?
Dans mes textes, je dénonce souvent ce que je vois dans la société mais j’y fais aussi mon auto-analyse. Sauf si c'est coup de gueule brutal sur un sujet où il peut y avoir parfois peu de réflexion, il est rare que je fasse des textes basé sur une pensée unique, j’en mets plusieurs en parallèle et c’est ça qui me donnera l’envie de faire un texte. "Tout est son contraire" , c’est "se complaire à vivre dans le mensonge et dire aimer la vérité", "pour vendre la loi du plus fort, on l’a baptisé liberté"… On veut un monde plus propre, plus écologique mais on veut tous le dernier téléphone portable.
Ensuite vocalement, tu n’as jamais aussi bien chanté. Ton chant clair est d'une clarté digne des grands noms de la chanson française…
…Tu veux dire genre Michel Sardou, Bénarbar… (Rires) ?
On parvient parfaitement à comprendre ce que tu chantes. Je suppose que tu le travaille particulièrement et que l'écriture des textes est une étape importante dans un disque de Lofofora ?
Mes copains font souvent des instrumentaux supers remplis et je dois parfois leur rappeler qu’il y a un mec qui va chanter (Sourire) ! Il m’arrive parfois de tirer ce genre de sonnette d’alarme.
Les premiers albums de Lofo, c’était un dilemme au mixage pour savoir où on allait placer la voix. Quand tu écris en français, tu as envie que les gens comprennent les textes. C’est souvent un équilibre difficile à obtenir mais au bout du troisième album, j’ai commencé à placer ma voix là où il n’y avait pas la basse, ni la guitare… et aujourd’hui, je pense que j’ai le réflexe de savoir à peu près où placer ma voix pour qu’elle soit audible au mixage.
Concrètement qu’attends-tu de « L’épreuve du contraire » ?
Je suis heureux de constater notamment sur les réseaux sociaux que nos fans dans leur plus grande partie sont super enthousiastes sur ce disque. Comme dans la vraie vie, on n’a pas envie de décevoir les gens qui nous aiment : on est des mecs assez basiques finalement (Rires) !
Je n’attends pas forcément de devenir riche et célèbre. J’espère que cet album va donner envie à ceux qui nous suivent depuis un moment de continuer, à d’autres de rejoindre notre tribu. D’ailleurs la majorité des gens qui nous suivent disent que cet album est une espèce de panorama de tout ce qu’il y avait pu avoir dans Lofofora depuis le début et je trouve que ce n’est pas infondé.
Généralement, ce genre de "best-of on le fait pour le dixième album pas le huitième…
Oui mais huitième, c’est déjà bien ! Mais nous ne sommes pas un groupe de best-of, d’ailleurs en concert, on refuse de faire certains morceaux qui nous sont demandés parce qu’on a tout simplement plus envie de les jouer : on n’est pas un groupe de cover de Lofo (Rires) !
Malgré tout, n’estimes-tu pas que c’est un passage obligé comme pour Metallica et 'Nothing Else Matters', Lofofora ne se doit-il pas de jouer 'L’oeuf" ?
En même temps, "rock" veut dire "secouer" ! On n’est pas là pour caresser les gens dans le sens du poil ! Si bien que pendant une tournée, on n’a pas joué une seule fois 'L’oeuf" et personne ne nous l’a réclamé ! A cet égard, on nous a demandé si pour les 20 ans du premier album, nous allions rejouer cet album dans son intégralité. La réponse est non, je n’aime pas regarder en arrière et essayer de faire revivre un truc que tu as vécu 20 auparavant : aujourd’hui, je me sens vraiment mieux dans mes pompes qu’il y a 20 ans !
Mais tu peux comprendre ce genre de demandes notamment ceux qui n’auraient pas eu la chance de vous voir jouer cet album, il y a 20 ans ?
En même temps, je n’ai pas vu jouer Jimi Hendrix, je ne vais pas le déterrer pour autant (Rires) !
Tu disais aimer parler de cinéma : quel est ton dernier coup de cœur/ coup de gueule ?
Je ne suis pas beaucoup allé au cinéma ces derniers temps mais même si c’est sur le tard, j’ai vu "Argo" de Ben Affleck et j’ai été très sensible au rythme du film que j’ai trouvé vraiment génial ! J’ai également adoré "Bad Grandpa" avec un des mecs de Jackass (NdStruck : Johnny Knoxville) et aussi Spike Jonze, une sorte de film fait en caméra caché entre François Damiens et le professeur Choron avec un grand-père thrash déguisé : j’ai trouvé ça hyper drôle et bien pensé ! Je n’ai pas encore vu le dernier Terry Gilliam, ni le dernier Spike Jonze justement qui a fait "Her" avec Joaquin Phoenix et je le regrette vraiment !
Et niveau coup de gueule ? "World War Z", film fait avec des moyens énormes avec des effets visuels vraiment pas mal. Je suis ultra-fan des films de zombies mais celui-là d’ailleurs est plus souvent classifié en film d’action que film d’horreur.
Dupontel sort un nouveau film, je suppose que tu l’attends avec impatience ? A ce propos, depuis 2011 et le retour en force confirmé par cet album de Lofofora, as-tu pu assouvir ton rêve et le rencontrer ?
"Neuf mois ferme" est un film terrible ! Prendre Sandrine Kiberlain ainsi à contre-emploi est un petit coup de génie. D’ailleurs, "Neuf mois fermes" passe sur Canal Plus ce mois-ci, je ne sais pas si tu as vu les bandes-annonces : c’est génial ! Hier, j’ai vécu une journée très triste avec l’enterrement de Paul Schultz de Parabellum et en rentrant, j’ai quand même allumé la télé, j’ai vu ça, ça m’a fait mourir de rire et ça m’a fait du bien !
Tu disais que tu étais instable et que ta plus grande peur c'était la routine. Ca donne quoi 4 ans plus tard ?
Je n’ai pas l’habitude de parler de ma vie privée mais parfois, on peut avoir la chance de trouver la personne qui nous stabilise un tant soi peu. On peut tomber sur la personne qui fait que tu vas trouver un équilibre. Ca ne veut pas dire se faire prendre au piège non plus. Je pense que j’ai la chance de vivre avec quelqu’un qui accepte complètement mon besoin farouche de liberté, ma phobie des habitudes… et pourtant avec elle, des habitudes, j’en ai plein et je les adore... Ca se voit que je suis amoureux, là non (Rires) ?
Félicitation à elle qui a réussi à te dompter…
Je ne dirais pas dompter… Un jour, je lui ai dit qu’elle m’avait pris pour que je foute le bordel dans sa vie et moi pour qu’elle m’apaise… C’est plus un apaisement qu’autre chose, ça m’évite d’appuyer sur l’accélérateur avec le frein à main enclenché…
Et même si on est très content de te voir heureux de la sorte, ne craignais-tu pas que ce bonheur nuise à tes textes ?
J’avais peur d’écrire des trucs pourris au fur et à mesure que je devenais heureux dans ma vie. Mais plus que de continuer avec Lofofora, mon but ultime dans la vie est d'être heureux
En revanche, si tes textes sont toujours aussi percutants, n’y-a-t-il pas un risque de creuser un fossé entre le Reuno privé et celui de Lofofora qui deviendrait un personnage ?
Non parce que j’écrirais des chansons sur le bonheur mais avec autant de passion si j’avais le talent nécessaire. Un mec comme Nougaro y arrivait exceptionnellement et pour autant je ne sais pas si le mec était si bien dans ses pompes ? J’ai passé des années à être dépressif chronique, j’étais mal et notre ancien batteur m’a répondu que c’était aussi pour ça que j’écrivais d’aussi bonnes paroles. Je me souviens avoir pensé à l’époque préférer écrire des chansons moins bonnes et être un peu mieux dans mes pompes.
Finalement est-ce que 'Karmasutra' ne résume pas cela à savoir que tu es heureux mais tu ne sauras jamais écrire une chanson d’amour conventionnelle ?
Non, je ne pourrais pas m’habiller en crooner et faire un slow… Mais oui, ce titre c’est carrément ça : je ne comprends pas comment les gens font pour croire à l’au-delà, je n’ai pas l’ambition de m’élever spirituellement. Quand tu es bien avec quelqu’un, quand tu es bien près de son corps… c’est comme une communion avec l’univers !
Un dernier mot aux lecteurs de Music Waves ?
J’aimerais savoir pourquoi Pierre Gattaz a été faire croire aux gens que les intermittents coûtaient 1 milliard alors que son métier est de faire des comptes à longueur de temps et finalement apprendre que ça nous coûte beaucoup moins que ça.
Une annonce qui lui permet d’augmenter son salaire de 30% ?
Tout à fait et en parallèle, il demande la suppression du salaire minimum en France. Si Music Waves l’interviewe, j’aimerais que tu lui poses la question mais ce n’est peut-être pas prévu (Rires)…
Et pour boucler avec le début de cette interview où nous évoquions la
déculturisation, j’ai appris qu’une salle dans laquelle nous avions joué à Carcassonne, le Chapeau Rouge, a fermé dès l’arrivée du nouveau maire Divers Droite. Il a licencié l'association qui y travaillait sous prétexte qu’il ne voulait pas déléguer la culture. J’aimerais bien savoir ce que veut dire un maire Divers Droite quand il dit ne "plus vouloir déléguer la culture".
Ça me rappelle la menace de ne pas faire le festival d’Avignon si la municipalité passait sous pavillon Front National. N’est-ce pas prendre la culture en otage ?
Vu comme le FN prend la connerie des gens en otage, il n’y a pas de scrupule ! On ne peut pas être hippie tout le temps : même si on rêve de paix et d’amour universel, parfois, il faut remonter les manches… Je pense que si la municipalité d’Avignon avait été FN depuis le départ, le festival aurait été lancé dans une autre ville ! Mais de façon générale, il faut arrêter de faire croire que la culture coûte chère dans ce pays surtout quand tu compares aux chiffres relatifs à l’évasion fiscale : c’est vraiment scandaleux !
Merci !
Merci Music Waves !
Merci à Noise pour sa contribution...