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Mirage représente une sorte d’album charnière pour Camel, dans le sens où le groupe commence à délaisser les aspects bluesy qui émanaient encore de son très bon premier album éponyme (malheureusement absent de ces pages) pour davantage exploiter le filon doux et mélodique de sa musique qui deviendra sa marque de fabrique. Le disque s’ouvre sur le dynamique et délicieux ‘Freefall’, qui me fait penser à du Wishbone Ash avec des synthés, par les petites interventions de lead guitar bluesy qui parsèment le morceau et les moments où les claviers doublent les lignes de guitare, jusqu’à certains passages instrumentaux qui rappellent la section centrale de l’excellent ‘Being One’ du Blue Horizon de 2014… La suite alterne plages calmes (l’instrumental ‘Supertwister’) et plus dynamiques (‘Earthrise’, lui aussi instrumental), parfois au sein d’un même morceau (les épiques ‘Nimrodel’ et ‘Lady Fantasy’). Les fréquents changements de thème propres au style n’empêchent en rien l’accessibilité et l’immédiateté de la musique proposée, et lui permettent de garder sa saveur et son impact après plusieurs écoutes.
À part cette fanfare inopportune au début du susmentionné ‘Nimrodel’ qui casse un peu la cohérence du titre, pas de grandes faiblesses dans les compos. Là où le bât blesse davantage, c’est sur les parties de chant (le groupe fera bien mieux plus tard) et sur un son resté solidement ancré dans son époque (pas la pire comparée à d’autres, vous me direz !), la faute à des synthés et à une production un peu datés aujourd’hui.
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Pas grand chose à jeter dans ce cinquième album. Si l’on n’atteint pas non plus des sommets de lyrisme, les mélodies sont très agréables, à la fois riches et immédiates juste ce qu’il faut pour accrocher rapidement et donner envie d’y revenir après plusieurs écoutes. On sent que les influences blues, très présentes sur le premier essai, commencent à s’estomper fortement, mais si le mélange des genres n’est plus aussi original que sur Argus, les compos, variées et travaillées, donnent toujours dans un rock léché mâtiné de hard et de prog, à l’image de l’élégant ‘Silver Shoes’ introductif. La basse, très chantante, est joliment mise en avant, et les deux guitares livrent des lignes tantôt douces ou médiévalisantes, tantôt féroces, épiques ou bluesy, mais toujours avec beaucoup de feeling.
L’album renferme trois sommets, désormais des classiques du groupe : ‘Persephone’ et ‘Lady Jay’ sont deux magnifiques chansons aux relents folk, dans la lignée des précédentes ballades du groupe, mélodiquement excellentes et aux solos étincelants. ‘Lady Jay’ est plus courte mais plus construite que ‘Persephone’, c’est un titre très riche que je ne me lasse pas d’écouter. Enfin, ‘F*U*B*B’ reprend, à peu de choses près et en instrumental la recette du génial ‘Phœnix’ du premier album, à savoir une structure en crescendo, une démultiplication des thèmes de guitare qui aboutit à un final épique mais d’une façon très spontanée, ouverte à l’improvisation. Sur ce titre comme sur ‘Phœnix’, les instruments semblent plus que jamais possédés par une force mystérieuse les poussant à délivrer le meilleur d’eux-mêmes, la musique la plus juste et pure possible. À mon sens une des plus belles réussites du groupe. Quel dommage cependant, ce collage sonore absurde à la fin du morceau, après quelques secondes de blanc… On ne fait pas ce genre de blagues de potaches dans un titre de cette trempe ! Sur ces trois pièces maîtresses, on notera une légère ouverture de l’instrumentation avec des interventions de mandoline, banjo et congas plutôt réussis.
Les autres morceaux ne sont pas mauvais non plus, ‘Silver Shoes’ n’est pas la meilleure chanson du groupe mais séduit par sa diversité, son intro cristalline et son solo à la limite du shred. ‘Don’t Come Back’ voit Martin Turner prendre des accents plus rageurs dans son chant, on sent qu’il doit un peu forcer sur sa voix, mais le résultat est plutôt convaincant. Pour finir, ‘Hometown’ est un rock énergique aux relents blues et country, peut-être mon préféré parmi ces morceaux « mineurs ». Le principal défaut du disque est son manque d’homogénéité et de cohérence, normal avec seulement 6 titres qui de plus se ressemblent peu. Pour peu que l’on ne cherche pas à retrouver les sensations d’Argus sur l’intégralité, l’écoute de ce There’s The Rub peut faire passer un très bon moment.
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« Il padre, il filio et lo spiritus malum, omnis caelestis delenda est.
Anti cristus, il filio de satanas, infestissumam. »
Papa Emeritus Il annonce la couleur dès le début avec une introduction en forme de chœur liturgique rapidement rejoint par une batterie tonitruante et une guitare épique. Histoire de faire oublier l'orgue gentillet du 'Deus Culpa' de son frère Papa Emeritus, le premier du nom, sur l'opus éponyme ? En tout cas, force est de constater que ça en jette déjà plus. En fait, tout est beaucoup plus maîtrisé que dans le disque précédent, à commencer par le visuel et les paroles. À l'exception de 'Depth Of Satan's Eyes', un peu moins réussi mélodiquement et qui fait un peu « too much » au milieu d'un disque assez dense d'un point de vue dynamique, tous les morceaux sont des tubes. On retrouve comme souvent chez Ghost l’alternance couplets heavy / refrains pop dans ‘Secular Haze’, où le clavier et les guitares tissent des riffs maléfiques puis laissent la place à un thème aérien magnifié par une basse très mélodique. Le lugubre, hymnique et définitif ‘Monstrance Clock’ est basé à peu près sur le même schéma, avec un contraste encore plus saisissant. Le délicieusement satanique ‘Year Zero’ est quand à lui plus orienté heavy, quand ‘Body And Blood’ démontre, s’il était encore nécessaire, le talent du groupe pour proposer des mélodies pop accrocheuses. On a aussi droit à une petite incursion dans le prog avec la mini-suite ‘Ghuleh / Zombie Queen’. L’orgue électrique, les paroles en latin et ces fameux chants grégoriens confèrent à l’ensemble un certain côté baroque accentué par la magnifique pochette.
Au bout de plusieurs écoutes, on pourra peut-être reprocher des développements parfois un peu longs et surtout un petit manque de diversité dans les compositions et les instruments, mais le disque suivant (Meliora) s'en chargera. Difficile d’ailleurs de déterminer lequel entre ces deux albums est le meilleur ; même si, tout de façon, ma préférence reviendra toujours au live Ceremony And Devotion !
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Je suis globalement d’accord avec la chronique de Newf. Il est clair que le Ghost d’Impera n’a presque plus rien à voir avec celui d’Infestissumam ou de Meliora. Le groupe anonyme et mystérieux des trois premiers albums est devenue une grosse machine gérée par un seul homme (en fait c’était comme ça depuis le début, mais maintenant que ça a été révélé au grand jour à cause d’une bataille juridique entre Tobias Forge et d’anciennes nameless ghouls, la magie se perd un peu !). Côté musique, on est maintenant dans quelque chose de beaucoup plus hard FM par moments (alors que, dans ses précédents albums, le groupe se contentait d’injecter des mélodies pop à leur hard rock) dont on pouvait entendre des signes prémonitoires dans Prequelle et qui ne correspond guère à mes goûts.
Selon moi, le problème de Ghost est que le groupe s’est, dès ses débuts, enfermé dans un concept qui, s’il lui a apporté le succès, offre des possibilités assez limitées. Le seul moyen de ne pas tourner en rond est donc de changer d’orientation (musicale et/ou conceptuelle), ce qui, forcément, peut décevoir le public, après 4 albums dans la même veine. Mais après tout, peut-on reprocher à un artiste de se diversifier, de changer d’orientation musicale ou de thématique ?
Tobias Forge a bien écrit un album sur les épidémies au Moyen-Âge et un autre sur la chute des grands empires, et les fans devront désormais accepter le fait que Ghost n’est pas qu’un groupe de hard rock occulte et satanique.
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C’est vrai qu’il est bon ce disque ! Je découvre le groupe en partie grâce à cet album, m’étant déjà procuré les excellents Moonmadness et Live At The Royal Albert Hall. Le quatuor délivre ici un prog soyeux, mélodique (du Camel, quoi !), souvent lent et mélancolique mais pas vraiment répétitif. Après, on aime ou on déteste. Certes, l’auditeur peut être surpris à la première écoute par le peu de dynamisme de l’ensemble, ou par la voix spéciale d’Andy Latimer, mais pour moi, cela ne gâche en rien le confort d’écoute. L’inspiration est constante (sauf peut-être pour ‘Shout’, un peu mièvre et moins mémorable) et Latimer émaille le disque de ses solos doux et poignants. Que demander de plus ?
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Entre l’excellent Infestissumam et le très bon Meliora, Ghost propose un disque composé principalement de reprises, exercice qui réussit plutôt bien au groupe et qu’ils réitéreront par la suite.
Les reprises de ‘If You Have Ghosts’ et ‘Crucified’ sont tout bonnement superbes, celle de ‘I’m A Marionnette’ n’est pas désagréable non plus, et réussit là où l’original d’ABBA avait échoué, c’est-à-dire donner du plaisir à l’auditeur. La reprise de ‘Waiting For The Night’ de Depeche Mode est quant à elle plus dispensable. Malgré tout, on ne peut qu’admirer le talent du groupe pour métamorphoser ces chansons et les faire sonner (presque) comme des compositions originales, grâce à leur forte personnalité musicale. Une version live de l’excellent ‘Secular Haze’ vient compléter l’ensemble, et s’il n’y a rien à redire sur la qualité intrinsèque du morceau, j’aurais préféré une autre « cover » ou un titre live plus apte à conclure un album. Là est pour moi le problème des EP : le nombre de titre réduit empêche souvent une véritable construction au sein du disque ; j’ai plus souvent l’impression de me retrouver face à un album dont on aurait enlevé quelques titres au hasard que face à un ensemble cohérent. Mais ce n’est que ma vision des choses. If You Have Ghost reste donc un très bon complément à Infestissumam.
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