Les américains de Spock’s Beard signent avec « Day For Night » leur 4e album. Est-ce en raison de leur signature sur Inside Out - LE label progressif par excellence - que la bande à Neal Morse nous livre sa production la moins progressive et la plus pop ? Toujours est-il que cette impression est renforcée par le format des titres qui, à de rares exceptions près, sont très courts ; ce que ne manqueront pas de reprocher exagérément ses détracteurs…
Exagérément car ce « Day For Night » n’a rien de désagréable, bien au contraire, avec ses tubes en puissance popisants à souhait…
L’ouverture éponyme ne nous contredira pas sur ce point avec sa mélodie ensorcelante et son somptueux break acoustique… Les harmonies vocales envoutantes ont la part belle notamment sur « Gibberish » qui regorge de « canons » -marque de fabrique Spock’s Beard- rendant le refrain -déjà entêtant et indélébile- à jamais gravé dans votre mémoire ! N'allez pas croire pour autant que les américains s'arrêtent en si bon chemin... S'ensuivent ainsi le très rock « Skin » tout aussi grisant que ces prédécesseurs puis « The Distance To The Sun » titre acoustique émouvant aux refrains sublimes.
Mais cantonner ce « Day For Night » à une succession de 15 titres rock entêtants voire de pop mièvre -comme « Can’t Get It Wrong » digne d’une BO de film sentimental - serait le résumer de façon bien simpliste comme peuvent le prouver les titres alambiqués que les progueux aiment et réclament… On citera à cet égard, le fabuleux « Crack The Big Sky » avec son rock rythmé et ses accents beattlessiens en filigrane et enfin, des breaks très inspirés emplis de cuivres… Dans la même veine, on trouvera le superbe « The Gypsy » et sa partie instrumentale dominée par des harmonies de claviers étourdissantes… Enfin, on signalera également l’instrumental enjoué « The Healing Colors Of Sound - Part 1 » sorte de titre d’A.C.T avant l’heure…. Alléchant tout ça, non ? Superbe, vous voulez dire !
Après une première partie rythmée et enthousiasmante, on pourra reprocher à l'ensemble de s’essouffler un tantinet sur la longueur (plus de 78 minutes) mais ce serait vraiment pinailler. En effet, ce « bémol » est en fait un problème de riche : on ne condamnera pas la longueur mais plutôt le fait de tourner un peu en rond sur la fin (« My Shoes », « My Shoes - Revisited ») !!!
En somme, pour avoir « osé » faire une incursion du côté « commercial » de la musique, Spock’s Beard s’attire les foudres de la frange de fans purs et durs alors que ce « Day For Night », s'il s'éloigne un poil des stéréotypes de l’album rock progressif, est un opus frais aux tubes imparables. Personnellement, un excellent album qui m’a permis de découvrir les américains et restera un de mes préférés quoiqu’en disent les puristes !