A.K. avait prévenu qu'il produirait une trilogie violente ayant pour thème l'agression du monde. Après nous avoir malmené avec "Inhibition", voici le second volet "Rebellion" qui s'inspire des travaux de Henri Laborit sur l'anesthésie et la mise au point de neuroleptiques pour traiter la schizophrénie, Decline of the I propose une musique expérimentale proche des éructations animales et des ambiances malsaines de Cloak of Alterning.

A.K. tient tous les rôles : guitariste, claviériste, chanteur et programmateur. La six-cordes crasseuse exhausse notre côté morbide, ses interventions sont certes nombreuses, mais simples et transparentes. Les claviers sont très présents, depuis l'introduction inquiétante jusqu'aux moindres moments où l'apaisement voudrait s'immiscer dans cet enfer. La batterie à la fois synthétique et naturelle est très en retrait, peut-être même noyée par la guitare et la production qui compresse l'espace sonore en quelques centimètres carrés. Quant à la voix, elle éructe des vomissures mortifères à la face de l'auditeur.

L'initiation transcendantale de 'Lower Degree of God's Might' se veut mystérieuse avec ses accords travaillés comme des nappes synthétiques, et cette voix désincarnée au discours autoritaire. Ensuite, sur 'Hexenface', la tension s'érige, grâce à la lourdeur et les cris inhumains. Au fil de l'écoute, un riff plus mélodique, une phrase récitative, surnage de la poisse. 'Le Rouge, le Vide et le Tordu' débute par un cri monstrueux saturé sur fond de blast épileptique, qui  plonge tête baissée dans la chaos. 'Pieces of a Drowned Motion' trompe l'auditeur qui se complait dans une béatitude faussement calme pour se transmuter dans un magma terrifiant. Enfin 'Deus Silve Musica' joue avec les contrastes des rythmes synthétiques appuyés par une voix d'outre-tombe.

"Rebellion" est une pièce glauque et désespérée à ne pas mettre entre toutes les mains, une musique à mille lieues de toute étiquette commerciale. Nous sommes subjugués par ces racines nauséabondes, sans pouvoir nous délier de l'emprise de ce brûlot musical qui attire comme un vortex surpuissant.