|
""Station To Station" est sans doute l'un des meilleurs albums de David Bowie, varié et très maîtrisé."
|
5/5
|
|
|
Après le déroutant (décevant) "Young Americans", les fans de David Bowie abordent avec une certaine anxiété le nouvel opus de leur chanteur favori. Ils ne peuvent manquer de remarquer qu'une partie des musiciens ayant œuvré sur l'album précédent sont encore présents, et notamment Carlos Alomar dont la guitare rythmique en était l'une des signatures, pouvant laisser présager un nouveau disque empreint de soul et de funk. Familier des contrepieds, le chanteur va de nouveau surprendre, mais cette fois de façon magistrale.
Car le titre éponyme a de quoi surprendre. Par sa longueur inhabituelle tout d'abord. 'Station To Station' est le premier (et le seul) titre du répertoire dépassant les dix minutes. Par son introduction peu conventionnelle aussi, qui ravira tous les férus de modélisme ferroviaire : durant plus d'une minute, on n'entend que le bruit d'un train à vapeur roulant à pleine vitesse, une idée que développeront les Allemands de Kraftwerk l'année suivante sur "Trans Europ Express". Puis pendant la minute suivante une guitare brise le silence de ses larsens et il faut attendre la troisième minute pour que résonne enfin le chant de David Bowie.
Après une telle mise en scène, l'auditeur est en haleine mais pleinement rassuré. Le ton est certes expérimental, mais résolument rock. La suite du titre se décompose en deux parties, l'une en forme d'hymne lent chanté d'une voix posée et la seconde très enlevée, tournant en boucles autour de la répétition des "it's too late", Earl Slick concluant par un solo bien distordu ce monument hypnotique.
C'est donc en confiance qu'on aborde le titre suivant … qui nous replonge dans la soul chaloupée et les chœurs glamour de "Young Americans". Mais rien de mielleux ni d'ennuyeux sur 'Golden Years'. Bowie y fait une belle démonstration de sa maîtrise, s'amusant de ses effets de voix, passant du mezzo au chant pleins poumons, mais oublie fort heureusement de susurrer et soupirer comme sur l'album précédent. Dans le même registre, 'Stay' voit le gimmick funky de la guitare d'Alomar contrarié par les riffs agressifs de celle de Slick, Bowie alternant chant lisse des couplets et modulé des refrains.
Trois titres complètent l'album : 'TVC15', pop-rock enlevé et dansant avec un refrain un rien simpliste et entêtant ('oh my TVC15, oh-oh TVC15') et les jumeaux (jusque dans l'assonance des titres) 'Word on a Wing' et 'Wild is the Wind'. Ces deux chansons ont en commun leurs mélodies mélancoliques et romantiques et l'intensité du chant de Bowie, retenu au début, puis s'enflant progressivement pour terminer dans un lyrisme poignant. On peut reprocher à Bowie de trop contrôler son chant à la façon des grands crooners américains plutôt que le laisser sortir naturellement, mais le résultat tient du grand art. (Il est indispensable d'écouter la version live de 'Wild is the Wind' sublimée par le piano de Mike Garson, enregistrée au Portland BBC Radio Theatre en 2000 et figurant sur le CD bonus de l'album "Bowie at the Beeb").
A posteriori, David Bowie affirma qu'il n'avait aucun souvenir de l'enregistrement de cet album, sa consommation abusive de cocaïne l'empêchant d'avoir les idées claires lors de ses passages en studio. Si c'est la vérité, et sans vouloir faire l'apologie de la drogue, il faut admettre que le résultat obtenu est exceptionnel. - Site officiel
|
|
|
LISTE DES PISTES:
01. Station To Station (10:11) 02. Golden Years (04:00) 03. Word On A Wing (05:50) 04. Tvc15 (05:31) 05. Stay (06:13) 06. Wild Is The Wind (06:00)
FORMATION:
Carlos Alomar: Guitares David Bowie: Chant / Guitares / Saxophones, Moog, Mellotron Dennis Davis: Batterie Earl Slick: Guitares George Murray: Basse Roy Bittan: Piano Warren Peace: Choeurs
|
|
|
|
(3) AVIS DES LECTEURS
|
|
|
|
|
|
|
Après un naufrage volontaire, qui aurait pu parier un deutschemark sur un retour éclatant de David Bowie? La première piste éponyme, dont l'introduction semble inspirée par le Autobahn de Kraftwerk nous invite à parcourir des climats pesants, auxquels la voix grave contribue, avant de trouver un salut par l'amour, un amour européen dépourvu de fioritures de cocaïne. Sur plus de dix minutes, David Bowie accomplit son chemin de croix et se fait amplement pardonner pour ses égarements passés. Ces derniers occupent encore sa mémoire comme le suggère ces funkies Golden Years ironiques sur lesquels Bowie s'amuse vocalement (à l'inverse du clip dont le cynisme est noyé par la laideur). Wap Wap Wap. Le piano lumineux ouvre le mystique et céleste Word On A Wing sur lequel Bowie se fait plus intime que jamais. Le reste, sans être de mauvaise qualité s'avère anecdotique et nous prouve au grand regret que personne n'a expliqué le mot album-concept à David Bowie. TVC15 ressemble à une mauvaise soirée alcoolisée dans un piano-bar en compagnie de Patricia Kaas (malgré quelques dissonances intéressantes, mais pas mémorables). Stay a sa place dans les dancefloor après avoir épuisé les albums de La Compagnie Créole et James Brown (pourquoi Bowie s'entête t'il dans ce style passepartout?). Quant à Wild Is The Wind, elle sent les lendemains de cuite. Au final, encore un album de l'irrégulier Bowie qui aurait dû se contenter de sa première face. Heureusement la suite, inversera la tendance.
|
|
|
|
|
Le train de l'excellent titre éponyme s'est-il arrêté dans la bonne gare ? Derrière le formatage assez structuré de ce premier long morceau, se cache une savoureuse psychose habilement mise en musique. La force de Bowie, c'est de parvenir à créer l'originalité aussi bien à travers des méthodes expérimentales qu'au moyen d'une pop-rock aux parures traditionnelles. Secret bien gardé de cet artiste atypique.
Mais pourquoi stopper cet élan envoûtant en si bon chemin, avec un 'Golden Years' qui plonge aussitôt dans les wap wap d'une soul/gospel insouciante, pour nous emmener jusqu' ho ha ho ha ho du non moins désinvolte 'TVC 15' ? Ce n'est pas de la mauvaise musique, mais après le 'Station to Station' qui donne son nom à l'album, c'est juste hors sujet. Il faut attendre la fébrilité punk-rock de 'Stay' pour retrouver un peu la folie-sous-contrôle du début.
Des titres bien écrits, bien interprétés, pour un concept discutable.
|
|
|
|
|
Un album exceptionnel à mi-chemin entre la soul/funk de l'opus précédent et le krautrock expérimental du suivant. Sublime version de "Wild is the wind" de Nina Simone. La pochette énigmatique provient du film "L'homme qui venait d'ailleurs" de Nicolas Roegg dans lequel Bowie joue... un extra-terrestre (et il l'est assurément).
|
|
|
|
|
|
Haut de page
|
|
|
(0) COMMENTAIRE(S)
|
|
|
|
|
|
|
|
LECTEURS:
4.4/5 (5 avis)
|
STAFF:
4/5 (5 avis)
|
|
|
|
|
|
EN RELATION AVEC DAVID BOWIE
|
|
|
|
|
|
|
AUTRES CHRONIQUES
|
|
|
|
|
AUTRE(S) CHRONIQUES CONCERNANT DAVID BOWIE
|
|