Cela fait quelques années que Metal Church vivote. Malgré des disques honorables comme à "A Light In The Dark" en 2006, la carrière du groupe ne décolle pas. Pire, il est même tombé dans un anonymat quasi-complet avec un "Generation Nothing" sorti fin 2013 dans l’indifférence générale. Cela ne pouvait plus durer, Kurdt Vanderhoof l’inamovible patron du combo américain devait réagir. Soit il mettait fin à l’histoire, soit il se bousculait. Runnie Monroe parti en septembre 2014, plutôt que de recruter un nouveau chanteur Kurdt fait sortir de sa retraite Mike Howe plus de 20 ans après son départ. Voilà une configuration inédite pour Metal Church, car à l’époque Howe, Kurdt ne faisait que composer et ne jouait ni sur scène ni sur album.
Le résultat est "XI", énième nouveau départ pour le groupe et clairement dernière chance d’être enfin autre chose qu’un second couteau qu’on aime bien mais qu’on écoute peu. Autant dire qu'avant de l’écouter, le sentiment est partagé entre la crainte et la confiance. Kurdt a perdu la flamme et le retour de Howe se place dans une mode nostalgique usante. Mais confiance, car Howe était un excellent chanteur et les albums qu’il a enregistré restent parmi les meilleurs du groupe.
Et ce début d’album est à une véritable cure de jouvence. ‘Reset’ démarre en fanfare le disque, son titre clin d'œil signifiant que Metal Church reprend les choses là où il les avait laissées en 1991 avec ‘The Human Factor’, nous plongeant dans un heavy thrash incisif. Au chant, Howe secoue le groupe en beauté car il n’a rien perdu vocalement, son timbre hargneux proche de celui de Rob Halford apporte une force considérable aux titres. Ceci se confirme avec ‘Killing Your Time’ et ‘No Tomorrow’, deux missiles sur lesquels Kurdt et Rick se font plaisir en nous assénant riffs et soli rapides et mélodiques.
Après cette tempête le groupe calme un peu le jeu et aime à alterner titres mélodiques à tiroirs et titres heavy. Et il y a des réussites : sur ‘Signal Path’, le groupe penche avec talent vers le heavy d’un Priest transcendé par un break acoustique très mélodique. Avec ‘It Waits’, le groupe se la joue plus horrifique et épique dans l’esprit d’un King Diamond, avec un refrain énorme. Enfin ‘Soul Eating Machines’, ‘Neddle & Suture’ et ‘Suffer Fools’ sont de belles pièces de heavy galopant dans l’esprit du Metal Church récent mais boostées par le chant. Mais il y aussi de petits couacs, comme sur les lourds ‘Sky Falls In’ et ‘Blow Your Mind’ qui manquent d’une bonne accroche et sont trop longs, le groupe se perdant un peu dans ce heavy plus sombre.
Malgré de petits défauts et grâce à Mike Howe, ce retour est quand même de très belle facture. Metal Church relance une machine que l’on croyait définitivement grippée. Certes le groupe ne révolutionne pas le genre, il ne le fera sans doute jamais, mais on prend plaisir à écouter cet album et cela est déjà en soi une excellente nouvelle.