Peu renommé par chez nous, Distruzione a pourtant connu une carrière honorable au début des années 90. Le groupe a vu le jour en 1990 à Parme et a proposé deux albums avant de changer de chanteur puis de se séparer en 2007. Il se reforme en 2011 autour de David Roncai, son premier chanteur. Un album éponyme est même sorti courant 2015 pour sceller ce retour. Mais ce qui nous intéresse ici est la redécouverte du premier disque des Italiens, "Endogena", sorti en 1996 et complètement introuvable.
Mais grâce au travail de fouilles archéologiques du label Jolly Roger, ce disque est de nouveau disponible en CD dans une version remasterisée, nous permettant de faire un sacré bond dans le passé. Fer de lance de la scène extrême italienne, Distruzione évoluait à l’époque dans un death primitif teinté de thrash, à la croisée du vieux Sodom, de Sepultura et de Hellhammer.
Il en ressort un disque sauvage, brut de décoffrage qui fonce droit au but à grands coups de riffs gras et primaires et de soli simples et rapides dans cet esprit death à l’ancienne. Au chant, Roncai éructe dans la grande tradition du genre, sans originalité mais avec conviction et le tout en italien, donnant un certain charme aux chansons. En 36 minutes, Distruizone fait preuve d’un certain savoir-faire dans le genre. ‘Delirio Interiore’, doré d'une belle sauvagerie, a des airs du Sepultura des premiers albums. A côté, on nage dans ce vieux death primaire digne de Cannibal Corpse avec les bien brutaux ‘Agonia’, ‘Omicidio Rituale’ et ‘Ossessioni Funebri’. Au milieu de la fureur et au détour d’une introduction plus travaillée ou d’un passage plus lourd à la Celtic Frost, il est perceptible que le groupe peut aller au-delà de la rage primale, comme dans ‘Divina Salvezza’, ‘Senza Futuro’ ou ‘Ombre Dell’Anima’ et son riff mélodique. Au-delà de la fureur bien présente, Distruzione a des velléités d’émancipation et de recherche musicale.
Il faut être honnête, cette réédition est à réserver aux amateurs acharnés de death metal, car cet album n’a guère marqué le genre. Mais il se dégage de ce disque une fraicheur et une envie qui le rendent très touchant. Il se dégage une envie féroce d’en découdre de la part de Distruzione et cette plongée dans ce passé non pollué par les techniques modernes fait au final beaucoup de bien.