Quatrième album pour les Eagles qui s'éloignent un peu du country folk pour se forger une identité plus soft rock vecteur de succès et de notoriété. C'est le deuxième album avec Don Felder et le dernier avec Bernie Leadon qui ne se reconnaît certainement plus dans la nouvelle inflexion musicale.
Bien que l'origine country et folk ne soit jamais très loin, c'est avec une chanson assez soft pop rock que s'ouvre l'album avec Don Henley au chant. Le gros travail de Meisner et sa basse sur ce titre apporte une tonalité un peu groovy qui sied bien à ce morceau très rythmé. L'ambiance des steppes du sud américain avec ses cactus revient dès 'Too Many Hands' avec la voix haut perché de Randy Meisner qui, chœurs d'harmonie à l'appui, évoque les Bee Gees.
Parmi les morceaux marquants, on citera 'Journey Of A Sorcerer' écrit et joué au banjo par Bernie Leadon comme une dernière offrande à un groupe qu'il a contribué à créer. Il s'agit d'un instrumental dont la caractéristique est une espèce de refrain emphatique et orchestré, magnifique, et des couplets plutôt sobres avec le banjo pour instrument lead. 'Lyin' Eyes', deuxième single extrait de l'album, est très classiquement irréprochable. Il a été récompensé en tant que meilleure performance pop d'un groupe de l'année 1975. 'Take It To The Limit' est une ballade aux arrangements riches mais un peu trop sirupeuse pour passer l'épreuve du temps.
"One Of These Nights" creuse le sillon qui aboutira à l'album ultime du groupe "Hotel California". La coloration plus rock donne des atouts majeurs aux Eagles, qui parviennent à donner leur place à chaque musicien, à la composition ou au chant, même si Don Henley en reste l'artisan le plus présent. Un album qui manque un peu de cohérence mais qui rassemble de superbes morceaux intemporels.