Les Catalans de Kilamara ont mis les petits plats dans les grands pour ce quatrième album qui donne la mesure de leurs ambitions. Pour ce faire, ils ont recruté l'Américain Daniel Ponce au chant et le virtuose argentin Miguel Laise à la guitare. Toujours produit sous la houlette de Roland Grapow (ex-Helloween, Masterplan) dans ses studios slovaques, "Across The Realm Of Time" jouit d'un mixage parfait, très bien équilibré qui respecte aussi bien la puissance que la mélodie.
La promotion de l'album nous promet un voyage musical dans les arcanes temporels. La rapide introduction instrumentale est en effet assez haletante et fleure bon la musique de film. 'Purging Flames', titre assez véhément, avec une guitare véloce sans être démonstrative n'a pas grand-chose à envier aux meilleurs groupes de power metal mélodique. Il cadence très bien et profite d'un refrain efficace et entraînant. Le chant de Ponce est très agréable, à la fois assez aigu et accrocheur et se montre polyvalent avec un timbre étendu.
Au gré des titres, on retrouvera cette belle maîtrise qui sert des compositions toujours très originales mais peu importe : c'est vraiment très bon à écouter. 'The Silent Guide' est plus lent, un peu plus lourd aussi mais d'une grande efficacité sur le plan mélodique. Avec ces différents atouts, les Barcelonais sont plus que convaincants. L'apport technique de Laise est indéniable - il sait se montrer aussi mesuré qu'enthousiasmant dans ses (trop) courts solos. 'The End Of The World' est quant à lui doté d'un refrain très percutant et de descentes de manches magistrales. L’indécrottable heavy revendiqué et assumé se dépare régulièrement de la tendance hard mélodique et l'équilibre si bien contrôlé penche clairement vers le plus rugueux des deux à maintes occasions, pour notre plus grand plaisir.
La subtile production permet de ne jamais tomber dans un pur metal agressif même si parfois tous les ingrédients sont réunis. Ainsi, on peut observer des riffs très vigoureux, des rythmiques corrosives parfaitement bien exécutées par un impeccable couple basse/batterie à l'unisson. Kilmara se permet de faire entendre quelques velléités progressives, là encore sans douleur, à l'image de l'énergique 'Principles of Hatred' ou du lourd et agressif 'The Forge'.
Ainsi les influences de Masterplan, Angra ou Helloween sont les premières évoquées, mais malgré une apparente familiarité des compositions, Kilmara parvient à insuffler sa propre musicalité, son supplément d'âme qui ne revêt aucun défaut majeur et provoque un plaisir évident.