Garage 9 est une petite entreprise artisanale composée de trois mécaniciens picards du son. Avant que les portes de ce premier EP éponyme s'ouvrent, l'objectif est de faire une révision complète des groupes garage des années 70 sans vidanger un son plus 90's.
Une fois embarqués, attachez vos ceintures. Malgré l'effectif réduit, le trio ne recule devant rien pour nous faire traverser les différentes cloisons du son jusqu'à nous laisser ramper au sol. Les guitares aboient et sont saturées, la batterie fusille à coups de salves sans espoir de faire des prisonniers, le chant est méphitique et sale, braillant et hurlant des refrains comme des hymnes contre-révolutionnaires ('Fucked At Birth Generation', 'Monkeyshine', 'Yeepee Ki-yay' qui évoque ''Piège de Cristal''). Mais si l'esprit des 70's, où des musiciens plutôt mauvais faisaient cracher la flamme à leurs instruments, et son pendant 90's sont respectés, l'ensemble donne parfois l'impression de n'écouter qu'un simple pastiche, plaisant, jubilatoire, réussi mais ne pouvant guère retenir notre attention. En somme, après une petite poussée, nos marlous semblent s'endormir dans leur formule.
Mais ne dégainons pas trop vite. Garage 9 a encore des surprises à nous réserver. Nos trois compères multiplient les fausses pistes rythmiques pour mieux nous écraser. L'inquiétant 'Lonely Kid' réchauffe l'atmosphère avec un riff aiguisé. La tension finit par éclater et tout transformer en folie grunge. 'Tearless Bastard Boys' est une ballade sombre où les mots d'amour doivent être gueulés pour pénétrer le cœur en inox d'une dulcinée. Faussement tranquille, 'Blow This Life Up' et 'Redneck Girl' font semblant de calmer les ardeurs mais demander à un groupe de jouer moins fort est le meilleur moyen pour mettre les décibels en ébullition (et en ce qui concerne le second titre, on a droit à un solo huileux de guitare).
En somme, on pourrait dire que Garage 9 fait du neuf avec de l'artisanat mais pourtant il réussit toujours à rebondir sur ses pneus. Si la folie furieuse de certains morceaux est réelle, on regrettera parfois son manque de subtilité. Heureusement nos trois Saint-Quentinois savent y apporter quelques touches surprenantes et brutes de décoffrage. Si ce nouvel album fait sortir la voiture du ''Garage 9'', nul doute que celle-ci adoptera un train d'enfer sur l'opus suivant.