JAKKO M JAKSZYK: Secrets Lies (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Bien que son nom y fasse penser, Jakko M Jakszyk n'est pas un ressortissant polonais mais tout ce qu'il y a de plus britannique. Né Michael Lee Curran, c'est son adoption à l'âge de 18 mois par un père polonais qui va rendre un peu plus ardue l'écriture de son patronyme sans faute d'orthographe. Si ce nom, compliqué à prononcer pour un Européen de l'Ouest, ne vous est pas familier, l'homme a pourtant un curriculum vitae long comme le bras. Outre le fait que "Secret Lies" soit son septième album solo, il intervient comme membre plus ou moins permanent de nombreuses formations, au titre desquelles on peut citer Level 42 (où il remplace Allan Holdsworth !), The Kinks ou The Tangent sur l'album "Not as Good as the Book".

Mais c'est assurément sa collaboration avec King Crimson depuis 2013 qui est la plus prestigieuse. Une collaboration entamée 13 ans plus tôt par sa participation au sein de 21st Century Schizoid Band, tribute band dédié à l'œuvre de King Crimson, et qui va aboutir en 2011 à l'album "A Scarcity of Miracles" signé Jakszyk, Fripp & Collins, un King Crimson ProjeKct. Depuis, et même si King Crimson n'a pas sorti d'album studio, il a remplacé sans complexe Adrian Belew comme chanteur et guitariste dans la formation de Robert Fripp.

Si pour ce nouvel effort solo, Jakko Jakszyk ne fait pas vraiment du King Crimson, il l'évoque inévitablement. Mais que ceux qui sont effarouchés par les dissonances, expérimentations et longues improvisations du groupe britannique se rassurent : le guitariste fait preuve d'un bout à l'autre de son goût affirmé pour la mélodie. Et si 'Separation' termine l'écoute sur une note très crimsonnienne, le disque alterne douces ballades mélancoliques bien comme il faut ('The Trouble With Angels', 'The Rotters Club Is Closing Down' à l'ambiance cosy et douce-amère, l'instrumental 'Secrets, Lies & Stolen Memories' au long solo de guitare) et titres plus étranges ('Fools Mandate' co-écrit et co-interprété par Peter Hammill) et anguleux (le prog moderne et agressif de 'Before I Met You', 'Uncertain Times' évoquant un monde instable et incertain, dangereux et sombre, voué au malheur). Sans oublier quelques surprises comme l'a cappella de 'The Borders We Traded', tirant quand même un peu en longueur, ou l'instrumental 'Trading Borders' aux senteurs marines, très Ushuaia.

L'album suscite quelques réserves mineures, comme un chant manquant parfois d'empathie et une production clinique et un peu froide mais parfaitement limpide. Techniquement impeccable et bien équilibré entre mélodies accessibles et audaces dissonantes, "Secret Lies" s'écoute avec intérêt, offrant de très beaux instants musicaux, notamment aux guitares. Il faut certes être familier d'artistes comme King Crimson ou Peter Hammill pour pleinement apprécier l'album, mais même les "non-initiés" pourront trouver du plaisir à son écoute. - Site officiel

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