|
"Avec "An Hour Before It's Dark" Marillion livre un de ses albums les plus sensibles et fluides tout en conservant son ADN émotionnel accentué par le sujet de l'album"
|
4/5
|
|
|
La pandémie de Covid aura touché des millions de personnes dont les vies ne seront peut-être plus jamais les mêmes. La culture et en particulier la musique n’aura pas été épargnée par cette situation. L’absence de perspectives, les fermetures des salles ou les limitations successives pour assister aux concerts qui sont les corollaires des sorties d’albums se sont enchaînés depuis deux ans. Certains groupes comme Anathema n’y ont pas survécu. D’autres au contraire se sont emparés de cette situation pour s’en inspirer afin d’exorciser cette période noire. Mostly Autumn a pris le parti pris d’un disque hautement cathartique mettant au cœur des émotions à fleur de peau. Marillion s'inscrit dans ce sillage.
En dénonçant notamment les systèmes financiers dans "F.E.A.R.", Marillion avait retrouvé une certaine forme d’engagement qu’on avait vu poindre déjà dans "Sounds That Can’t Be Made" (‘Gaza’) qui renouait avec la première vie du groupe (‘Forgotten Sons’). Si le projet du nouvel album n’était pas centré à l'origine sur la Covid, cette pandémie, qui a mis en lumière les failles des systèmes sanitaires voire politiques, a fini par rattraper l’inspiration des Anglais pour aboutir à ce nouvel album "An Hour Before It’s Dark".
Avec sa sensibilité et son expérience, Marillion, en témoin de l’ensemble de ces évènements, met en musique et fait partager son ressenti. L’album dans son ensemble renoue avec une dynamique et une fluidité qui avaient été un peu oubliées dans les précédentes parutions. Il assène d’emblée un titre quasi-colérique qui porte bien son nom (‘Be Hard On Yourself’) dans lequel la rythmique se fait plus rude avec dans les premiers rôles Ian Mosley musclant son jeu aidé par son acolyte Pete Trewavas à la basse vrombissante. Dans cette veine rugueuse, le titre s’inspire de ‘Gaza’ pour ses mouvements énergiques. Tout au long de ces presque dix minutes, Mark Kelly multiplie les textures et les ambiances et Steve Rothery fait un travail à la fois discret et remarquable de feeling.
Alors qu’on aurait pu craindre que le soufflé retombe aux premières notes de ‘Reprogram The Gen’ il n’en est rien ! Après quelques secondes d’accalmie, le morceau propose des atmosphères se rapprochant de ‘Afraid Of Sunlight’ voire des titres plus nerveux de "Brave". Et même si on retrouve des transitions abruptes telles que les affectionne le groupe, on se laisse facilement emporter par cet élan énergique dont on ne le croyait plus capable. Introduit par l’anecdotique ‘Only A Kiss’, le tube de l’album ‘Murder Machine’ -titre lumineux musicalement et paradoxalement dur dans le texte- semble créer une transition avec la seconde partie d’album beaucoup plus dense et apaisée.
A ce stade, on pourrait se dire que rien n’a changé chez Marillion qui ne fait que recycler son rock néo-progressif raffiné et sophistiqué teinté de pop. S’il est exact que le groupe roule sur une autoroute sans obstacle, on note dans cette seconde partie une fluidité accentuée dans ces trois longs derniers titres, accompagnée d'une forme de pudeur et de flegme britannique, jusqu’au chant, dans ce concept sociétal. ‘The Crown And The Nightingale’ surprend en étant le plus souvent murmuré. Steven Hogarth fait preuve d’une certaine mesure dans ses envolées, accentuant ainsi une sorte de tension dramatique qui transpire du morceau, grâce à des claviers aux mélodies d’une grande beauté et une guitare qui s’efface, tout en conservant une âme que seul Steve Rothery peut apporter. De la noirceur naît la lumière, avec des chœurs qui enjolivent la fin du morceau et introduisent un solo électrique déchirant.
‘Sierra Leone’ et ‘Care’ viennent conclure ce nouvel album. Du haut de leur dix et quinze minutes, ces compositions viennent ici comme si Marillion voulait rassurer par sa musique l’auditeur inquiet par la situation actuelle. ‘Sierra Leone’ fait preuve de délicatesse dans sa construction et semble ne pas vouloir brusquer l’auditeur. Il rejoint le point culminant émotionnel que pouvait constituer ‘Brave’. Le dernier est plus sombre avec tes textures plus électro et son riff diaboliquement efficace dans sa première partie. Les mouvements alternent comme souvent, moments d’accalmie sensibles avec passages lumineux et un final optimiste.
Avec "An Hour Before It’s Dark", Marillion livre un album lisible, très fluide, tout en conservant son ADN émotionnel fort accentué par le sujet de l’album. Par son apparente simplicité, son équilibre général et sa retenue, il en devient l'un des albums les plus touchants de Marillion. - Site officiel
|
|
|
LISTE DES PISTES:
01. Be Hard On Yourself: I. The Tear In The Big Picture / II. Lust For Luxury / III. You Can Learn 02. Reprogram The Gene: I. Invincible / II. Trouble-Free Life / III. A Cure For Us? 03. Only A Kiss (Instrumental) 04. Murder Machines 05. The Crow And The Nightingale 06. Sierra Leone: I. Chance In A Million / II. The White Sand / III. The Diamond / IV. The Blue Warm Air 07. Care: I. Maintenance Drugs / II. An Hour Before It’s Dark / III. Every Call / IV. Angels On Earth
FORMATION:
Ian Mosley: Batterie Mark Kelly: Claviers Pete Trewavas: Basse Steve Hogarth: Chant Steve Rothery: Guitares
|
|
|
|
(2) AVIS DES LECTEURS
|
|
|
|
|
|
|
Ce n'est un secret pour aucun de mes camarades de Music Waves, et surtout pas pour TonyB : Marillion donne dans un rock progressif que je ne goûte guère et que j'ai toujours trouvé surcoté. Si la lointaine période de l'ère Fish trouvait quelques grâces à mes oreilles (même si j'ai toujours eu du mal à maintenir mon intérêt sur la longueur d'un album), je suis depuis toujours réfractaire à la formation depuis qu'elle est menée par Steve Hogarth.
"An Hour Before It's Dark" ne me fera pas changer d'avis : l'album est ennuyeux à mourir et je n'ai pu retenir mes bâillements sur 'Sierra Leone' et 'Care' étalant longuement leur indigence et leur manque d'imagination. Quant à Steve Hogarth, il chante toujours avec ce ton geignard qui m'horripile mais dont il aurait bien tort de se départir puisqu'il semble être apprécié de la plupart.
|
|
|
|
|
Six années sont passées depuis le publication de "F.E.A.R", chose peu surprenante quand on connnait le processus actuel de création du groupe et de leur officieux 6è homme qu'est Mike Hunter, celui qui donne corps à toute la musique enregistrée.
Bien évidemment, et bien que le groupe ait cherché autant que faire se peut à l'éviter, ce 19è album de Marillion est lui aussi marqué du sceau de la pandémie, aussi bien dans sa réalisation que dans son contenu.
Mais résumer "An Hour Before it's Dark" à cette seule considération serait bien trop réducteur, tant H est venu puiser l'inspiration bien au-delà de cette seule situation sanitaire, parvenant au final à connecter celle-ci avec d'autres événements encore une fois très personnels, et à conclure l'album sur une magnifique note d'espoir délivrée par 'Care'.
Car c'est bien ce dernier titre qui s'avère le point culminant de l'album, tant par l'émotion dégagée par son contenu que par la musique proposée par le groupe durant ces 15 minutes gorgées de mélodies à tomber et de soli de Steve Rothery tous plus magnifiques les uns que les autres. Frissons garantis.
Mais avant d'en arriver là, Marillion nous déroule quatre autres titres de très haute volée ('Only a Kiss' servant juste d'introduction à 'Murder Machines'), musicalement proches de "Sounds that Can"t be Made" et "Afraid of Sunlight". Beaucoup plus simples d'accès que les longues suites de "F.E.A.R.", ces morceaux multi-parties cachent néanmoins une belle complexité tant rythmique que mélodique, portée par des arrangements aux couches multiples qui se révèlent au fil des écoutes ainsi qu'un jeu de batterie une nouvelle fois très subtil.
N'en déplaise aux nostalgiques du "c'était mieux avant" ou à ceux pour qui l'aventure s'est arrêtée en 1987, "An Hour Before it's Dark" se révèle comme un des tous meilleurs albums de Marillion, chose remarquable s'il en est près de 40 ans après la publication du premier album du groupe.
|
|
|
|
|
|
Haut de page
|
|
|
(3) COMMENTAIRE(S)
|
|
|
|
|
|
|
|
LECTEURS:
4.1/5 (14 avis)
|
STAFF:
3.9/5 (9 avis)
|
|
|
|
|
|
EN RELATION AVEC MARILLION
|
|
|
|
|
DERNIERE INTERVIEW
MARILLION (20 SEPTEMBRE 2016)
|
A l'occasion de la promo de "F.E.A.R.", Music Waves a rencontré Steve Hogarth pour une entrevue sans peur...
|
|
|
|
|
|
AUTRES CHRONIQUES
|
|
|
|
|
AUTRE(S) CHRONIQUES CONCERNANT MARILLION
|
|