JIRFIYA: W (METAL PROGRESSIF,Metal Alternatif) : avis / chronique à lire sur Music Waves

“La femme est l'avenir de l'homme” chantait Jean Ferrat... C'est un peu le crédo choisi par Jirfiya : mettre en lumière la femme dans son nouvel album. Si l'honneur est fait à la gent féminine dans "W" jusqu'à lui dessiner un temple sur la pochette, le groupe ne tombe pas dans un fanatisme aveugle. Il salue autant l'engagement et la lutte des femmes pour faire reconnaître leurs droits qu'il souligne certains travers car elle est aussi un être humain avec ses qualités et ses défauts.

Depuis longtemps, Jérôme, dans feu Born From Lie et maintenant dans Jirfiya, met un point d'honneur à donner du sens à son œuvre. Il faut dire que les sujets ne manquent pas actuellement entre la situation des femmes en Iran ou en Afghanistan, le droit à l'avortement mis à mal dans plusieurs pays, les féminicides... la source est hélas quasi-inépuisable. Ingrid se fait l'interprète de ces évènements parfois tragiques et il lui en faut de la force pour ne pas être submergée par les émotions et trouver la justesse dans la transmission des messages. Ingrid s'en sort avec les honneurs et progresse même. Sa palette vocale souvent comparée à Anneke Van Giesbergen gagne en contrastes, mise en lumière par une musicalité qui gagne en densité.

L'album contient cinq morceaux originaux et trois relectures de titres issus des deux derniers albums de Born From Lie. L'opus s'ouvre sur une nouvelle chanson, 'Asylum' longue de neuf minutes. Le groupe intègre de façon plus affirmée des éléments progressifs dans cette composition. Les ambivalences sont bien marquées entre passages brutaux et breaks plus apaisés pour témoigner de la folie qui règne dans cet asile. L'apport de cordes et de cuivres (trompette) participe à ce gain de densité et d'émotions (les plaintes du violon et du violoncelle s'opposant à une trompette plutôt mutine de façon schizophrène). Ingrid vit chaque chanson et chaque personnage, notamment dans le contrasté 'The Girl With The Perfect Face' qui évoque l'ascension et la chute de l'actrice Linda Darnell.

La production est aussi en progression dans ce "W". Il faut saluer ce travail qui met en avant la rythmique lourde tout en conservant un bel équilibre entre les instruments. Jérôme growle moins, ce qui lui permet de se concentrer sur le travail à la guitare et sur l'écriture musicale d'ensemble. Cela donne des compositions maîtrisées où les idées sont fluides, notamment sur les longs morceaux ('The Factory', 'Asylum'). Les relectures des anciens morceaux de Born From Lie ('Far Away From Here', 'And Endless Journey' et 'The Path Of Hate') vu sous un prisme plus féminin apportent indéniablement un regard neuf.

"W" est un très bel album dans lequel Jirfiya va encore plus loin que dans les précédents disques : une interprétation qui s'affine, intégration de nouveaux instruments (cordes), équilibre trouvé entre longs morceaux qui permettent plus d'expressivité et ceux plutôt courts où la mélodie est au cœur, de très bons solos de guitare. Toutes ces qualités renforcent encore un peu plus tout le bien que l'on pensait de Jirfiya qui trouve sa signature lui permettant de sortir du lot des nombreuses productions metal français.
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