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"Seize ans après son précédent méfait, The Cure a taillé le diamant noir d'une mélancolie lucide. Une pesanteur qui nous conduit en apesanteur."
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5/5
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Depuis son précédent méfait "4:13 Dream", The Cure ne semblait pas sur le point de reprendre les chemins des studios, au grand dam de leur bassiste Simon Gallup. Après avoir annoncé au fil des ans la parution d'un ou de deux albums et repoussant à chaque fois la date de sortie, "Songs Of A Lost World", le 14ème album studio de The Cure (15ème si l'on considère "Japanese Whispers" comme en faisant partie) a finalement vu le jour le lendemain d'Halloween 2024.
Les précédents albums de The Cure tentaient de nouvelles approches en
osant des mélanges de genres, mais ici les titres semblent sortis d'un même moule, à l'instar de "Pornography", et ils s'écoulent mélancoliquement sans
vicier l’atmosphère. Même en empruntant des motifs du passé, le groupe n'est jamais dans la redite et semble poursuivre là où il s'était arrêté un peu plus tôt. Robert Smith semble avoir hérité du micro de Dorian Gray, le
temps ne semble avoir aucune prise sur sa voix douce à souhait, qui
donne envie de le suivre dans ses réflexions labyrinthiques. Les reliques sonores mélancoliques d'un monde perdu évoquent "Disintegration", mais l'album est davantage tourné vers "Wish" notamment en raison du rôle joué par les guitares - Reeves Gabrels et Robert Smith ne lésinent pas sur les décibels. L'électricité est fiévreuse sur 'Drone : Nodrone' et 'Warsong', et la guitare de Reeves Gabrels est particulièrement tranchante, mais les motifs entêtants de clavier de Roger O'Donnell permettent de souffler. C'est d'ailleurs lui qui tire son
épingle du jeu sur 'I Can Never Say Goodbye' avec un air de piano circulaire véhiculant détresse et abattement - les paroles traitent directement de la disparition du frère de Robert Smith. Il n'y a pas de morceau un peu plus pop ou un peu plus
délirant, mais cela aurait pu aller a l'encontre du concept. L'album referme ses arpèges lumineux sur un titre de dix minutes qui installe une atmosphère chargée mais jamais dépourvue de grâce.
La pochette dévoile une sculpture lunaire ressemblant à un géant figé dans sa réflexion.
Ironie du sort, le premier vers de Robert Smith nous annonce que “This Is The End Of Every Song That
We Sing” tandis que l'ultime mot de l'opus est “nothing”, en somme un
voyage de la “fin” au “rien” ! Entre ténèbres et réflexions, voilà qui pourrait bien définir ce magnum opus. Les thèmes de l'album - une introspection sur la vie qui passe cruellement et les êtres qui s'effritent - ne sombre pas dans un gouffre morbide mais ouvrent une réflexion : il faut accepter son sort et recueillir des assentiments et des confirmations avant l'inéluctable plongée en avant.
"Songs Of A Lost World" est un retour gagnant pour The Cure et son capitaine exemplaire Robert Smith, qui nous invite à l'accompagner dans cette promenade chargée de spleen noir mais jamais dépourvue de grâce. Ce monde perdu est-il un regard lucide sur une vie qui s'est précipitée vers son embouchure ? Est-ce à dire que cet album sera le dernier de The Cure (probablement pas, même si “It's all gone” répété sur l'ultime piste pourrait servir d'argument), ou plutôt le dernier dans ce style ? Est-ce une transition vers cet autre album fantôme dont Robert Smith nous fait l'arlésienne, un opus qui serait plus violent que son jumeau ? Nous attendons avidement la prochaine réalisation, maintenant que la locomotive The Cure est repartie sur de bons rails. S'il avait pu écouter cet album, Gérard de Nerval l'aurait sans aucun doute sacré de ''soleil noir de la mélancolie". - Site officiel Le saviez vous ?
Roger O'Donnell avait osé dire ses 4 vérités à Robert Smith. Le mutin de l'Amer Noir avait été éjecté en 2005 en compagnie de Perry Bamonte. En 2011, Robert Smith est revenu sur sa décision et a réintégré le claviériste pour le plus grand bonheur des fans
Alors que l'album aurait été terminé en 2019, l'autre mutin de l'Amer Noir Perry Bamonte a finalement fait son retour au bercail, mais trop tardivement pour figurer sur cet album.
Un autre mouvement de troupe notable: Porl Thompson a choisi de troquer sa guitare pour un chevalet. Il est remplacé en 2013 par Reeves Grabrels, l'ancien complice de David Bowie dans Tin Machine.
Reeves Gabrels avait déjà collaboré en 1997 avec The Cure sur le morceau "Wrong Number".
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LISTE DES PISTES:
01. Alone - 6:48 02. And Nothing Is Forever - 6:53 03. A Fragile Thing - 4:43 04. Warsong - 4:17 05. Drone:Nodrone - 4:45 06. I Can Never Say Goodbye - 6:03 07. All I Ever Am - 5:21 08. Endsong - 10:23
FORMATION:
Jason Cooper: Batterie Reeves Gabrels: Guitares Robert Smith: Chant / Guitares / Basse / Claviers Roger O'donnell: Claviers Simon Gallup: Basse
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(3) COMMENTAIRE(S)
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5/5 (2 avis)
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STAFF:
4.5/5 (8 avis)
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