GREEN CARNATION

(NORVÈGE)

A DARK POEM, PART I: THE SHORES OF MELANCHOLIA

(2025)
LABEL:

SEASON OF MIST

GENRE:

METAL MELODIQUE

TAGS:
Epique, Growl, Mélancolique
"Premier acte d’une trilogie annoncée, "A Dark Poem, Part I" dévoile un Green Carnation plus intense que jamais, entre émotion brute et puissance maîtrisée."
CALGEPO (04.09.2025)  
4/5
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Vingt ans après "A Blessing in Disguise", Green Carnation poursuit sa quête d’un metal mélodique à la fois sombre et lumineux, où chaque note semble peser plus qu’un simple son. Le chemin pour en arriver là n’a pas été linéaire : un virage rock assumé avec "The Quiet Offspring", une parenthèse acoustique avec "Acoustic Verses", puis un long silence imposé par des vents contraires et une désillusion tournée en traversée du désert. Le retour en 2020 avec "Leaves of Yesteryear" avait déjà rallumé la flamme, mais ce nouvel album, premier chapitre d’une trilogie annoncée, s’impose comme une œuvre plus dense, plus ambitieuse, construite comme un voyage intérieur.

Fidèle à son titre, "A Dark Poem" ne s’aborde pas comme une simple collection de chansons, mais comme une partition littéraire où chaque morceau devient une strophe. Les riffs y sont les consonnes, les mélodies les voyelles, et les contrastes vocaux - de la clarté apaisante de Kjetil Nordhus aux grondements de Grutle Kjellson (Enslaved) - en constituent la ponctuation. Cette approche donne à l’ensemble le souffle d’une histoire en train de s’écrire, où les atmosphères se répondent et les motifs se font écho.

Dès 'As Silence Took You', la mélancolie s’invite dans chaque inflexion de guitare, portée par des riffs qui accrochent sans ostentation. La voix de Kjetil Nordhus, toujours juste dans son équilibre entre puissance et douceur, enveloppe les compositions d’une chaleur singulière, capable de se faire caressante ou déterminée selon les besoins de l’histoire. Ici, l’émotion prime sur la démonstration : les soli sont rares, choisis, et viennent ponctuer les morceaux comme des éclats de lumière dans une toile sombre.

Le cœur de l’album bat plus fort avec 'The Slave That You Are', rappel cinglant que Green Carnation n’a pas effacé ses racines extrêmes. Les rugissements rauques y côtoient des passages chantés d’une limpidité presque fragile, créant un dialogue tendu entre ombre et lumière. C’est là toute la force du groupe : savoir convoquer la puissance du black ou du death sans sacrifier l’accessibilité, en gardant le fil mélodique comme boussole. Sur 'Too Close to the Flame', la présence de Grutle Kjellson apporte une rugosité organique, un contraste supplémentaire qui souligne le goût du groupe pour les couleurs vocales tranchées.

'In Your Paradise' prolonge cette dualité entre énergie et retenue, avec une écriture qui privilégie la progression dramatique à l’exploit instrumental. On sent derrière chaque titre un patient travail de sculpture sonore, pensé pour que chaque arrangement serve l’atmosphère globale. Les claviers, souvent discrets, se glissent dans les interstices pour densifier la texture et donner plus de profondeur aux lignes vocales.

Plus qu’un simple retour, "A Dark Poem, Part I" est l’affirmation d’une vision : celle d’un groupe qui connaît ses forces, assume ses failles, et choisit de raconter plutôt que de séduire à coups d’artifices techniques. Mais surtout, il s’agit d’une ouverture, le premier mouvement d’une fresque en trois actes qui promet de s’étendre au fil des prochaines années. Ce chapitre pose les fondations d’un récit musical où chaque volet viendra, on l’imagine, apporter sa nuance, son atmosphère et sa part de mélancolie. Si l’on en juge par cette première pièce, la trilogie pourrait bien devenir l’une des plus belles œuvres de Green Carnation, un projet qui marquera leur discographie autant que la scène metal mélodique contemporaine.
- Site officiel

LISTE DES PISTES:
01. As Silence Took You 7:12
02. In Your Paradise 7:04
03. Me, My Enemy 7:17
04. The Slave That You Are 6:16
05. The Shores Of Melancholia 5:38
06. Too Close To The Flame 9:16

FORMATION:
Bjørn Harstad: Guitares
Jonathan Alejandro Perez: Batterie
Kenneth Silden: Claviers
Kjetil Nordhus: Chant
Stein Roger Sordal: Basse
Tchort: Guitares
   
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