Nous sommes en 1984 et Iron Maiden poursuit sur sa lancée, sans guère de pause, avec ce 5ème album en 5 années seulement. "Piece Of Mind" avait assis la popularité du groupe de par le monde, aux Etats-Unis notamment, et Maiden avait dû tourner de manière intensive jusqu’à terminer le 18 décembre 1983 à Dortmund par une date mémorable, dont des extraits apparaissent sur le dvd récemment sorti, "Early Years".
Malgré ce succès énorme, Maiden ne relâche pas la pression et retourne donc en studio à Nassau, aux Bahamas, avec le désormais fidèle Martin Birch aux manettes. L’album sort le 3 septembre 1984, précédé par le single "2 Minutes To Midnight" le 6 aôut. Et il est à noter que pour cet album, et pour la 1ère fois de sa carrière, le line up du groupe reste stable.
Le groupe ainsi très soudé ressemble à une machine de guerre sans failles, même si l'on peut remarquer qu’au niveau de la composition, il existe deux clans : Harris, seul de son côté, et de l’autre Bruce Dickinson et Adrian Smith. Mais cette rivalité ne nuit pas au groupe et crée bien au contraire une certaine émulation.
De ce fait, on peut séparer cet album en deux : d’un côté quatre titres directs, les tubes de l’album ("Aces High", "2 Minutes To Midnight", "Powerslave" et "Rime Of The Ancient Mariner"), et de l’autre quatre autres titres moins évidents qui s’enchainent ("Losfer Words", "Flesh Of The Blade", "The Duellists" et "Back In The Village").
"Aces High" ouvre l’album de manière très énergique, morceau typique de Steve Harris, bien heavy porté par un Dickinson en état de grâce, le morceau idéal pour ouvrir les concerts. celui-ci traite de la guerre, dans la lignée d’un "The Trooper", et plus particulièrement des bombardiers britanniques pendant la bataille d’Angleterre.
Le morceau qui suit est aussi l'un des plus grands classiques de Maiden. Musicalement, on a affaire à ce que le heavy metal propose de meilleur ; riff d’entrée mémorable, soli gigantesques de la part de l’une des plus grandes paire de guitaristes que le métal ait connue, Adrian Smith et Dave Murray, et du point de vue parole, on a encore un titre très intelligent signé Dickinson, traitant de la guerre et proposant un point de vue très critique sur les politiciens et les marchands d’armes. C'est ainsi que l’excellent clip de ce titre nous renvoie au film Docteur Follamour, superbe pamphlet anti-militariste.
Pour boucler l’album, Maiden nous propose deux de ces plus grands chefs d’œuvre.
"Powerslave", pour commencer, est sans doute le meilleur titre écrit par Bruce Dickinson. C’est aussi le point culminant de l’album ; ambiance mystique, à l’image de la célèbre pochette du disque, partie instrumentale splendide, soli parfaits et basse de Steve Harris ponctuant l’ensemble. Les paroles illustrent le thème de la pochette et traitent d’un pharaon égyptien mourant et se lamentant sur les limites de son pouvoir, un classique parmi les classiques.
L’album se conclut enfin avec le titre le plus long de l’histoire du groupe, "Rime Of The Ancient Mariner", 13 minutes au compteur. Ce titre s’inspire d’un poème de Samuel Taylor Coleridge écrit en 1798. Musicalement, on a une ballade épique de toute beauté et on insistera particulièrement sur le break central où la basse de Harris relance doucement la machine, peu à peu rejointe par Dickinson et le reste du groupe. Mais le morceau, malgré sa durée, ne souffre d’aucun temps morts.
A coté de ces 4 gros titres, on trouve donc 4 morceaux moins indispensables, loin d’être mauvais mais souffrant de la comparaison.
On commence par l’instrumental "Losfer wWrds", le 4ème du groupe et sans doute le moins bon, qui se laisse écouter mais n’a pas la puissance de ses prédécesseurs. "Flesh Of The Blade" est un morceau typique heavy metal, bien fait sans plus, et qui apparaîtra sur la bande son du film Phenomena, de Dario Argento. On trouve ensuite "The Duellists", inspiré du film du même nom de Ridlet Scott (1978), titre assez bon, sans doute le meilleur des quatre. Enfin, "Back In The Village", la suite de "The Prisonner", écrite par Bruce Dickinson, traite de la célèbre série trélévisée Le Prisonnier. Cette chanson est la plus faible de l’album, les vocaux étant plus que limites malgré une bonne partie instrumentale. On notera que ces trois morceaux qui s’enchaînent sur album n’ont jamais été joués live. Ils présentent une face heavy classique, certes bonne mais en deçà du reste du disque.
Avec cet album Maiden ne révolutionne pas particulièrement sa musique mais la fait évoluer et apporte une touche de nouveauté : titres plus longs, côté épique renforcé, paroles soignées.
Suite à ce très gros succès, Maiden va entamer sa plus longue tournée. Le World Slavery Tour débutera le 9 Août 1984 par une série de concerts derrière le rideau de fer absolument mémorables et se terminera le 5 Juillet 1985. A noter la participation au Rock in rio, le 21 janvier 1985 devant 200.000 personnes, et 4 concerts d’anthologie à Los Angeles entre le 14 et le 17 mars 1985.
Cette tournée donnera d’ailleurs naissance à l'un des plus grands live de l’histoire du métal, le "Live After Death".
Ce n’est sans doute pas le meilleur album de Maiden mais c’est incontestablement un classique de l’âge d’or du groupe qui va marquer nombre de fans de métal dans le monde.
On soulignera aussi la superbe pochette de Derek Riggs, certainement l’une des plus belles du groupe.