Attention, chef d’œuvre ! Ou en tous cas, peut-on au moins le qualifier de classique de la Nouvelle Vague du heavy metal Britannique (courant musical rassemblant un certain nombre de groupes de hard rock anglais du début des 80’s). Cet album, Def Leppard en a rêvé, et avec l’aide d’un certain nombre de collaborateurs, ils l’ont finalement réalisé mais ceci ne s’est pas fait sans douleurs.
Avant tout, "Hysteria" c’est une histoire de chiffres. Après les 6 millions d’exemplaires vendus de leur précédent album "Pyromania", rien que sur le territoire américain, le groupe savait qu’il devait créer d’entrée de jeu un album best of voir un classique afin de mettre la barre un peu plus haut. Au final, "Hysteria" présente un pedigree impressionnant : 7 singles et pratiquement 18 millions d’albums vendus dans le monde à ce jour.
L’histoire de cet album est aussi un véritable feuilleton ponctué de tragédies (le batteur Rick Allen perd un bras dans un accident de la circulation, le guitariste Steve Clark a des problèmes d’alcool…) et de rebondissements (le producteur Robert John « Mutt » Lange, qui travaille avec le groupe depuis l’album "High’n’Dry" est indisponible ; remplacé d’abord par Jim Steinman, le compositeur de "Bat Out Of Hell", puis par Nigel Green, il revient finalement pour tout réenregistrer).
Enfin, "Hysteria" c’est surtout un recueil de formidables chansons admirablement produites par Robert Lange, déjà responsable notamment des "Highway To Hell" et "Back In Black" d’AC/DC, ou encore de "Foreigner 4". Un homme méticuleux, en recherche constante de tubes, qui ne travaillera pas moins de 4 mois et demi sur le mixage final de l’album (au grand dam de la maison de disques voyant s’allonger considérablement les notes de frais engagées). Mais le résultat est là, de "Women" à "Gods Of War", tous les morceaux sont des hymnes de stades mélangeant habilement le heavy metal et la pop ("Gods Of War" par exemple dont l’un des riffs de guitare est emprunté au "Message In A Bottle" de Police) en passant par le glam rock ("Rocket", référence au "Satellite Of Love" de Lou Reed et citant entre autres Roxy Music et David Bowie). Le son est énorme, les chœurs se croient chez Queen et les refrains immédiatement mémorisables (formidable "Armageddon It"). Bien sûr, comme chez tout bon groupe de métal des années 80, les ballades ne sont pas en reste avec "Love Bites" (qui n’a rien a envier à "Still Loving You" de Scorpions) et "Hysteria" (moins exubérante mais tout aussi euphorisante). La fin de l’album s’avère un peu moins excitante mais reste tout de même d’un très bon niveau.
Si vous n’êtes toujours pas convaincu ou que vous cherchez à en savoir plus, nous ne saurions trop vous conseiller de regarder l’excellente série documentaire Classic Albums (sortie en DVD) dont l’un des épisodes est justement consacré à "Hysteria". L’on y voit les membres du groupe et principaux collaborateurs revenir sur l’élaboration douloureuse de l’album, le travail de production et détailler les rapports entre tous les protagonistes de l’histoire (managers, producteurs, journalistes).
En 2006, "Hysteria" est enfin ressorti remasterisé en Deluxe edition incluant b-sides, remixes et live b-sides (dont un superbe medley "Rock Of Ages/Not Fade Away/My Generation/Radar Love/Come Together/Whole Lotta Love"), rendant ainsi hommage à l’un des plus grands albums de métal des années 80.