1978. Même si des albums marquants vont encore paraitre ("The Wall" de Pink Floyd par exemple), le rock progressif s’essouffle et a laissé la place au disco et au punk. Les années rock sont bien loin maintenant et pourtant, de nouveaux arrivants vont frapper un grand coup. Les frères Knopfler forment avec John Illsley et Pick Withers un quatuor classique (guitare lead, guitare rythmique, basse et batterie) et redorent avec éclat un genre que l’on croyait mort et enterré. Le “pub rock” ressuscite, Dire Straits joue une musique calibrée pour la scène, et ça fait du bien !
Rien de nouveau pourtant dans les compositions du groupe, que Mark Knopfler signe intégralement : on retrouve de larges influences rock (surtout rock), folk et country, portées par une rythmique simple et terriblement efficace. La voix de Mark n’a rien d’exceptionnel, son timbre se rapprochant parfois de celui de Bob Dylan, mais il sait coller à l’esprit de ses compos. Même son jeu de guitare n’est pas innovant (il hérite directement de Chet Atkins ou de JJ Cale, peu connus du public FM de l’époque), mais il l’exécute avec brio et sobriété (ce qui n’est pas incompatible). Une des clés du succès de Dire Straits réside dans une production pointilleuse isolant parfaitement les instruments, ce qui donnera un relief tout particulier au jeu de guitare précis de Mark Knopfler.
Ces qualités sont d’emblée présentes sur le premier album du groupe, pourtant produit avec des moyens minimaux (12 500 livres sterling de l’époque), mais qui va faire une entrée fracassante parmi les hits du moment (sauf, curieusement, dans le pays d’origine du groupe, où le succès se fera attendre).
Histoire de marquer les esprits, le premier titre, Down to the Waterline, met en avant toutes les qualités du groupe : une fusion entre les membres pour nous livrer une musique directe et immédiatement accrocheuse, portée par une rythmique simple qui met en avant le jeu de Mark, précis et fluide. Le groupe va enfoncer le clou avec l’excellent Water of Love, avec ses percussions étudiées, et évidemment avec l’incontournable Sultans of Swing, devenu un standard, avec sa rythmique super-efficace, ses continuelles relances à la guitare, et ses ébouriffants soli rapides et millimétrés, qui feront dire aux critiques de l’époque ; “il se passe quelque chose dans le rock’n roll ! ”
Alors qu’importe si les autres titres sont plus convenus, sauvés la plupart du temps par les interventions de Mark : Dire Straits a plus que réussi son entrée, il marque le rock de son empreinte.