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"Une très bonne surprise et une belle découverte à conseiller à tous ceux qui veulent sortir des standards de la guitare instrumentale."
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Dans le milieu de la six-cordes, rares sont les femmes qui arrivent à se faire une place parmi les gratteux métalleux, légèrement sectaires et prétentieux, ne jurant que par le nombre de notes débitées à la seconde. C’est tout de même un paradoxe que ce milieu soit hermétique aux femmes alors que tous les mecs qui en ont fait partie dans les années 90 avaient les cheveux plus longs que la moyenne des femmes… Jennifer Batten est pourtant arrivée à recueillir à l’époque la considération des plus grands en la matière. Les cheveux, c’est d’ailleurs par là que tout a commencé pour elle après avoir été recrutée par Mickaël Jackson aux côtés duquel elle s’est largement fait remarquer au moyen d’une coupe de cheveux qui sera sa signature scénique pendant de nombreuses années : une tignasse blonde de tigresse explosivement ébouriffée. C’est plus particulièrement avec sa maîtrise technique du tapping à deux mains qu’elle acquière ses lettres de noblesse auprès des guitaristes les plus misogynes qui lui envieront dès lors sa technique, en plus de sa coupe.
Outre ses multiples collaborations musicales, dont les plus remarquées restent celle avec Mickaël Jackson (pour le côté médiatique) et celle avec Jeff Beck (pour son génie guitaristique), Jennifer nous arrive cette année avec son troisième effort solo. Cela faisait 11 ans qu’elle n’avait pas arpenté les sentiers de la création solo (depuis « Momentum » en 1997). « Whatever » est d’ailleurs assez personnel car elle a tout fait seule à part la basse, certaines voix (sous forme de samples vocaux narrés) et les instruments à corde (violon et violoncelle) qui doivent leur réalisation par quelques invités.
Cet album est très personnel. Il respire l’intimisme musical et recèle d’expérimentations mélodiques. Jennifer s’est fait visiblement plaisir en accouchant d’un grand nombre d’idées très atypiques et singulières, éloignées des standards de la guitare shred. Dès les premières notes, une fois passés les premiers samples vocaux, on retient les ambiances électros, la richesse et la diversité des effets utilisés, la fidélité de la production, la profusion de petits sons bizarroïdes, le feeling du jeu, le groove… Ce qui pêche cependant, c’est qu’il n’y a pas de vraie batterie : tout est programmé et cela confère une couleur un peu froide à l’ensemble même si le groove reste tout de même globalement assuré.
On navigue à vue dans des univers barrés, teintés d’ambiances et de phrasés faisant immédiatement penser à Steve Vai (période « Passion and Warfare »), Franck Zappa ou Jeff Beck. L’exploration des sons est au rendez-vous et l’album a vraisemblablement servi de laboratoire d’expérimentation. Jennifer définit d’ailleurs cet album comme de la « guitronica », mélange de guitare et d’électronique, terme qui illustre assez bien la quête sonore dont cet album a fait l’objet. La musique de Jennifer Batten se différencie donc très rapidement des productions « classiques » de type Guitar Hero, notamment par son atypicité et sa personnalité.
Nul besoin de décrire titre par titre cet album (en plus, ce serait assez difficile à faire), sachez simplement que vous pourrez apprécier le judicieux mélange des ingrédients suivants : des samples vocaux, des ambiances africaines, des effets dissonants mais intégrés de façon mélodique, des ambiances Zappaiennes, des expérimentations Vaiesques, des effets électros, du groove, de la world music et de l’humour (au travers du titre « The Inner Journey » rythmé par des sons de flatulences et éructions : un titre très intéressant mélodiquement malgré un goût douteux pour la mise en scène), mais aussi de la guitare, et surtout de la guitare…
En ce qui concerne le jeu de guitare, notons que ce ne sont pas ici des phrasés shred. Ce sont plutôt des effets de jeu très recherchés qui créent, avec beaucoup de feeling, de très bonnes ambiances mélodiques (guitare synthé, whammy, effets…). L’utilisation des effets confère un caractère assez unique et un style propre à cet album. Ceci dit, Jennifer assure également sans effet (enfin, presque sans effet) car elle nous interprète un morceau acoustique (ce n’est pas trop son habitude), « Fearless », où elle semble slapper les harmoniques naturelles, et ça claque bien !
Au final, cet album se révèle vraiment intéressant à plus d’un titre pour qui aime la guitare et n’est pas fermé aux expérimentations sonores et musicales. Une très bonne surprise et une belle découverte à conseiller à tous ceux qui veulent sortir des standards de la guitare instrumentale. - Site officiel
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LISTE DES PISTES:
01. Ass Whoopin’ - 4:52 02. Ricochet - 3:51 03. Off The Deep End - 5:17 04. Whatever - 3:51 05. Fearless - 4:49 06. In The Aftermath - 5:00 07. Run With It - 5:57 08. Hooligan's Holiday - 5:32 09. Cupid's Arrow - 5:29 10. Inner Journey - 4:03
FORMATION:
Ann Marie Crouch: samples vocaux (2008) Bret and Kari Helm: samples vocaux (2008) Debbie Schepp: samples vocaux (2008) Leah Santos: samples vocaux (2008) Nel Gerome: samples vocaux (2008) Sean Dailey: samples vocaux (2008) Andre Berry (2008): Basse Betsy Hamilton (2008): flûte Greg Philingaines : Claviers Jennifer Batten: Guitares / Claviers / Batterie Jon Clark: samples vocaux (2008) Michael Jordan (2008) : batterie sur "Inner Journey" Michael Sembello : Arrangements-Vocoder Michele Rohl (4): Chant Nelly Kovalev (2008): violon Sandin Wilson (2008): Basse Skip Vonkuske (2008): Violoncelle Stephen Klong : Batterie
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DERNIERE INTERVIEW
JENNIFER BATTEN (31 OCTOBRE 2017)
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A l'occasion de son passage à Paris pour un masterclass, nous avons enfin pu rencontrer Jennifer Batten, la guitar hero par excellence des années 1990 notamment au travers de ses collaborations avec Michael Jackson, Jeff Beck...
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