|
"Van Der Graaf Generator dévoile ici tous les éléments qui feront le succès de "Pawn Hearts", son chef d’œuvre à venir."
|
4/5
|
|
|
Dix mois. C'est l'intervalle qui sépare "H To He, Who Am The Only One", le troisième opus de Van Der Graaf Generator de son prédécesseur. Pourtant dans ce court laps de temps, le son du groupe va évoluer de manière significative. Le style progressif et psychédélique des débuts est développé dans une veine moins calme et disciplinée, alors que les atmosphères sombres et singulières s'intensifient. La formation originaire de Manchester livre son premier album mature, entrant ainsi dans ce qui sera considéré rétrospectivement comme son age d'or.
Le ton général de l'album est très sombre, et après plusieurs écoutes nécessaires pour passer outre le caractère hermétique des compositions, "H To He... " se révèle fluide et complexe. Les cinq titres de la version originale combinent merveilleusement mélodies symphoniques et breaks énergiques jazzy presque dissonants pour un résultat pour le moins troublant. En passant du rock accrocheur à la ballade mélancolique ou à la pièce progressive plus classique, Van Der Graaf Generator nous offre une première face variée et efficace dans un style très sombre où orgues et saxophones créent une atmosphère presque inquiétante. Au fil de l'écoute, l'album devient plus ténébreux et la deuxième face, plus agressive et expérimentale, revêt des aspects avant-gardistes aux frontières de l'épique.
Ces compositions jouissent aussi d'un admirable travail d'interprétation, surtout au niveau vocal. Peter Hammill, parfois à la limite des cris ou des pleurs, développe un style de chant très théâtral qui deviendra par la suite caractéristique de Van Der Graaf Generator. Les paroles énigmatiques et presque introspectives traitent des thèmes dramatiques et touchants, notamment en rapport avec la solitude. Il en résulte un ensemble cohérent et torturé particulièrement profond.
A noter aussi que cet album n'a rien à envier aux productions de Arjen Lucassen quant aux thèmes abordés. On observe ainsi un lien assez développé avec la science fiction, "H To He" faisant référence à la fusion thermonucléaire de l'hydrogène en hélium et "C" à la vitesse de la lumière. Il ne s'agit pas de renforcer l'aspect opaque de l'album mais d'illustrer le concept de la solitude avec un exemple précis, un peu comme dans "Space Oddity" de Bowie.
Van Der Graaf Generator dévoile ici tous les éléments qui feront le succès de "Pawn Hearts", son chef d’œuvre à venir. Le combo trouve un son stable autour du saxophone jazzy de David Jackson, de l'orgue puissant de Hugh Branton, de la batterie précise de Guy Evans et des voix torturées de Peter Hammill. Les quelques longueurs résultant de certaines phases expérimentales sont largement compensées par des sommets de puissance, voire d'émotion, qui ne lasseront certainement pas l'auditeur. - Site officiel
|
|
|
LISTE DES PISTES:
01. Killer - 8:07 02. House With No Door - 6:03 03. The Emperor In His War-Room - 9:04 04. Lost - 11:13 05. Pioneers Over C. -12:05
FORMATION:
David Jackson: Instruments à vent Guy Evans: Batterie Hugh Banton: Basse / Claviers Peter Hammill: Chant / Guitares / Claviers
|
|
|
|
(1) AVIS DES LECTEURS
|
|
|
|
|
|
|
De tous les grands groupes des années 70, VDGG est certainement le moins connu. La petite histoire raconte que cette grande injustice serait en partie due au fait que le petit label qui les distribuait avait privilégié un autre de ses poulains nommé … GENESIS. Grand admirateur du GENESIS de la 1ère heure, je ne vais pas déplorer qu'une maison de disques les ait soutenus. Mais VDGG méritait lui aussi qu'on lui consacre une attention qui aurait pu lui permettre de bénéficier de la même notoriété que d'autres groupes avec lesquels il soutient aisément la comparaison : GENESIS, PINK FLOYD, KING CRIMSON, YES, ELP, excusez du peu. Comme tous ces grands noms, VDGG concocte une musique ambitieuse, intelligente, complexe, variée, captivante, émotionnelle faisant de chaque disque une perle rare qui n'a jamais distillé la moindre lassitude en près de quarante ans d'écoute. H TO HE fait partie d'une première trilogie comprenant THE LEAST WE CAN DO IS WAVE TO EACH OTHER, H TO HE, WHO AM THE ONLY ONE et PAWN HEARTS. La musique de H TO HE (et de l'œuvre de VDGG en général) se caractérise par une profonde noirceur et un refus des concessions. Les orgues d'Hugh BANTON sont torturées et angoissantes, les saxophones de David JACKSON ressemblent souvent à des coassements humains éructés sous le coup du désespoir et de la peur. Quant au chant de Peter HAMMILL, il draine une telle émotion, une telle sensibilité qu'il instille au fond de chacun une large palette de sentiments. Vous l'aurez compris, leur musique est tout sauf relaxante. Mais elle est d'une telle richesse émotive que ce serait une immense erreur que de passer à côté. Ecoutez Peter HAMMILL hurler ses "I love you" à la fin de LOST et vous comprendrez que vous n'aviez encore jamais entendu une vraie chanson d'amour (sauf, peut-être, si vous appréciez Jacques BREL). Avec VDGG, pas de mauvaise surprise : quand on aime cette musique expressive et ce chant de damné, on aime l'œuvre entière. Et je vous conseille de prolonger ce bonheur par l'œuvre solo de Peter HAMMILL (plus de 30 albums studio), passionnée et passionnante, d'une grande originalité et sans concession aux modes.
|
|
|
|
|
|
Haut de page
|
|
|
(0) COMMENTAIRE(S)
|
|
|
|
|
|
|
|
LECTEURS:
4.2/5 (4 avis)
|
STAFF:
4.3/5 (3 avis)
|
|
|
|
|
|
EN RELATION AVEC VAN DER GRAAF GENERATOR
|
|
|
|
|
|
|
AUTRES CHRONIQUES
|
|
|
|
|
AUTRE(S) CHRONIQUES CONCERNANT VAN DER GRAAF GENERATOR
|
|