Chaque artiste est invariablement confronté un jour ou l’autre à son bilan : pas forcément celui qu’il fait, mais de façon certaine celui que ne manqueront pas de faire ses fans. Nous sommes en 2001, et à la veille du nouvel album, les fans de WASP font le bilan des années 90. Qui pourrait les en blâmer ?
Tout commençait idéalement en 1992 : "The Crimson Idol" avait déboulé comme l’un des concept-albums de la décennie, venant confirmer tout ce qu’on savait de bon sur le groupe. La suite elle pouvait être lue de deux manières bien différentes : ceux qui avaient apprécié le court "Still Not Black Enough" malgré son aspect « sous-Crimson Idol », félicité les expérimentations de "KFD" et trouvé que "Helldorado" était un retour aux sources plaisant, autant dire qu’il s’agit ici des fans hardcore ! Et puis il y avait ceux qui trouvaient que depuis 1992 tout avait été facile, mauvais et fade (dans l’ordre !).
Il fallait donc un album pour les réunir tous, un album pour les gouverner tous et dans les ténèbres les lier… Non, en fait il fallait surtout un bon album, le reste suivrait. Ainsi donc attendions-nous la sortie de cet Unholy Terror avec appréhension et/ou excitation.
Trêve de suspense : les fans qu’"Unholy Terror" n’a pas séduit doivent se poser des questions non pas sur l’album, mais bien sur ce qui leur plaît chez WASP, car tous les ingrédients qui ont fait les grandes heures de la bande emmenée par Blackie Lawless sont présents. « Let It Roar », « Hate To Love Me » et « Loco-Motive Man » déboulent en trombe, fidèles aux codes des brûlots version WASP, à savoir un énorme potentiel hymnique, des guitares déchainées, et surtout la voix de Blackie à son meilleur, rugissante et magnétique. « Who Slayed Baby Jane » et « Raven Heart » peuvent se voir attribuer les mêmes compliments et se montrent très convaincantes dans le genre.
On attendait également le groupe au tournant dans l’autre exercice qui les avait souvent vus exceller : les ballades. Là encore, pas de déceptions à l’horizon : « Evermore » est une très bonne composition dans le pur style Power-Ballade héroïque, reprenant quelques accents du Sud des Etats-Unis comme l’avait fait « Forever Free » en son temps, avec la même réussite. Blackie parvient même à nous surprendre en faisant le pari d’une ballade instrumentale, exercice encore inédit pour lui. « Euphoria » égraine donc ses quelques 3 minutes de douceur avec talent, preuve s’il en fallait encore de l’étendue des dons de son compositeur.
Tout cela aurait déjà été bien suffisant pour établir le consensus chez la majeure partie des fans, mais Lawless s’étant toujours montré allergique à cette notion, c’est presque naturellement que l’on se voyait proposer trois morceaux supplémentaires. Et quels morceaux ! Tout d’abord le mini-concept « Unholy Terror » / « Charisma », qui a en intensité ce qui ne lui manque pas en longueur, s’ouvrant sur 2 minutes d’une narration magnétique, puis prenant toute sa dimension au sein d’un mid-tempo à la rage magnifiée par ce rythme lent, soutenu par des guitares hypnotiques. Enfin l’ultime râle est poussé sur un « Wasted White Boys » au rythme dantesque, au refrain hymnique, et au solo immense. Un solo si grand qu’il peut être comparé au déchaînement d’un « Freebird », venant pendant plus de 3 minutes repousser les bornes de l’exaltation et de l’hystérie.
Fans de WASP, si vous aimiez les 80’s et les 90’s : réjouissez-vous, il n’y a pas trace de bug de l’an 2000 sur cette galette ! Vieux grincheux déçus : haut les barbes, le grand WASP fédérateur est de retour ! A tous les autres, pressez-vous pour découvrir ce groupe mythique, ayant délivré en déjà 20 ans de carrière quelques-uns des meilleurs albums de la scène Heavy. Ce nouveau témoignage en est encore la preuve.