Suite à la sortie d’un "Big Bang" qui, sans être foncièrement mauvais, était tout de même un peu décevant, Vulcain poursuit son aventure en réduisant la voilure.
Les recrutements successifs des guitaristes Frank Pilant ("Transition", 1989) et de Marcos Arieta ("Big Bang", 1992), qui étaient censés faire évoluer le son du groupe et lui permettre d’être en phase avec son époque, n’ont pas donné les résultats escomptés.
Au départ de Marcos Arieta, le groupe décide de continuer avec une configuration recentrée sur ses membres historiques ; les deux frères Puzio aux cordes et Mar Varez (présent depuis 1985) à la batterie. Ironie du sort, après avoir cherché à se démarquer de Mötorhead, leur mentor, Vulcain opte pour la formule du Power trio un an avant que la bande du père Kilmister ne fasse de même. Visiblement le propos est au durcissement musical.
Le titre de l’album est à ce titre déjà un signe : sobrement intitulé "Vulcain", ce nouvel album suggère l’idée d’une volonté de retour aux sources et donc à la rugosité des débuts.
L’entame du disque, conforte ce sentiment avec un "Bats-toi" des plus énergiques. Las, dès le second titre la magie se dissipe et l’on retrouve un groupe écartelé entre plusieurs directions musicales, et pire que tout, qui semble avoir perdu la foi. La hargne et la passion ne sont plus au rendez-vous, ce qui pour un groupe comme Vulcain est dramatique. Si la suite est un peu plus rassurante avec les très corrects "Nikita" et "Chemin De Croix", la magie est rompue et l’on ne peut que constater que le groupe alterne les compositions qui oscillent entre l’honnête et le bon ("En Vrac", la ballade "Où es-tu Rock ‘n Roll ?", "Monnaie") avec des titres passe partout et assez insipides ("Adrenaline", "Dans l’Urne", "Goal", "Into The Sun" …). Dans ce dernier cas, le chant en anglais apparaît comme un chant du cygne pour un groupe qui a si longtemps porté haut les couleurs du Hard Rock français. Le morceau débute pourtant très bien, mais dès que les vocaux en anglais font leur apparition on se trouve englué dans une bouillie sans forme qui gâche ce pourtant très bon morceau.
On a alors le sentiment de voir le groupe se démener comme un papillon pris dans la lumière, comme un boxeur sonné qui cherche une solution face à une fin inéluctable. Plus que la déception, c’est l’amertume qui l’emporte à l’écoute de ce titre. Ne soyons pas trop dur, cet album comprend de (très) bons moments, mais le sentiment que le groupe est impuissant face à sa chute est très pénible. Le Vulcain rentre dedans et instinctif a laissé place à un groupe qui ne semble plus savoir que faire, ni quelle direction emprunter. Un groupe qui hésite entre Rock agressif, belliqueux et une musique plus policée et plus variée.
Et bien que la qualité des compositions ne soit pas foncièrement en cause (quoique), c’est surtout cette sensation de déliquescence et de perte de maîtrise de l’avenir qui fait mal, et qui fait de cet album un disque de plus, sans âme ni panache. Un comble pour un groupe de la trempe de Vulcain.