Cinquième opus studio pour Kamelot avec ce très attendu "Karma". Ce fût en effet avec une certaine impatience que cet album fût surveillé au sortir de l’an 2000 tant l’œuvre précédente ("The Fourth Legacy") avait marqué les esprits. La question pernicieuse de la capacité du groupe à ne pas retomber du piédestal où ce disque l’avait installé frémissait en effet sur toutes les lèvres. Alors, l’incognito anté-"The Fourth Legacy" allait-il de nouveau envelopper Kamelot de son brouillard impénétrable ou bien les Floridiens sauraient-ils rester sous les feux de leur soleil légendaire ?
La recette souvent utilisée dans cette conjoncture est celle qui consiste à ne pas changer une équipe qui gagne, Khan et sa bande décidèrent donc de rester ensemble et gardèrent auprès d’eux Sascha Paeth et Miro à la production puisque leur énorme travail sur l’album précédant leur avait apporté un son, à la fois puissant et clair, vraiment remarquable. Question pochette, c’est toujours Derek Gores qui s’y colle, les formes féminines émoustillantes n’ont pas de secret pour lui, la sensualité est une nouvelle fois à l’honneur dans une dominante de violets chère au groupe.
En ce qui concerne l’aspect musical de cet opus, il faut bien finir par y arriver, nous pouvons avancer que Kamelot reste dans l’esprit de "The Fourth Legacy", aussi bien dans la structure des morceaux, les riffs tonitruants et mélodiquement très porteurs, que dans l’emphase des mélopées (mention spéciale à "Forever", "The Light I Shine On You" et "Karma" dont vous pouvez voir la vidéo en bas de cette chronique), le tout sous la bannière d’une puissance et d’une pureté ébouriffantes.
La différence fondamentale vient en fait des atmosphères dégagées, car autant "The Fourth Legacy"» nous transportait à travers des lieux et des époques diverses, autant "Karma" est doté d’une approche des ambiances plus monolithique. L’épic-médiéval est en effet à l’honneur quasiment tout au long de l’opus. Hormis ce contraste, qui rend toutefois l’album un poil moins réussi que son prédécesseur, "Karma" est un charmant petit frère. La (quasi) même berceuse calme magnifiquement d’ailleurs les deux bambins puisque "Don’t You Cry" rappelle énormément "The Saylorman’s Hymn" sans la plagier toutefois.
Nous pouvons noter sur le dernier tiers de l’album, une trilogie conceptuelle narrant l’histoire de la meurtrière Comtesse hongroise Élisabeth Báthory. Vaniteuse, belle et cruelle, elle inspira de nombreuses légendes sanglantes attachées à l’éternelle jeunesse dont sont empreintes les trois parties de ce titre fort réussi. Venom et Cradle Of Filth avaient déjà conté les méfaits de la donzelle décidément fort populaire chez les Hard Rockers.
"Karma" est ainsi un des meilleurs opus de Kamelot, sans atteindre les hautes qualités de son prédécesseur, il n’en demeure pas moins digne d’intérêt pour les amateurs d’envolées épiques moyenâgeuses.