Le nouvel album de Meat Loaf ne s'appelle pas "Bat out of Hell quelque chose". Rien que ça c'est une surprise... Après une demi-douzaine de disques surfant sur la vague de l'énorme succès du chanteur dans les années 70, c'est donc avec un concept neuf que le monsieur revient sur le devant de la scène en 2010. L'idée c'est la vision du monde d'un soldat sur le point de mourir (en gros).
Le moins que l'on puisse dire c'est que ce contexte tragique ne pose pas vraiment d'ambiance sur l'album, qui peine à faire transmettre des émotions dans ce sens, à moins qu'un accord mineur par ci par là soit une émotion. Donc oublions le concept.
Si l'abandon de références à sa trilogie mythique pourrait être perçue comme un (relatif) risque commercial, un certain sens du marketing demeure autour de cette sortie. Quelques guests comme Vai, Brian May, et surtout ... Hugh Laurie (donc on connait les appétences pour la musique rock), une pochette aux tons rappelant "Bat Out of Hell" (quand même), un producteur prestigieux en la personne de Rob Cavallo, et, afin de contenter les fans les plus hardcores, les éditions deluxe, super deluxe, avec t-shirt, tasse, brosse à dent collector. C'est fantastique !
Niveau musique ça l'est un peu moins. Si certains refrains font mouche ('Peace on Earth', 'Elvis in Vegas', 'Love is Not Real', entre autres) et si certains arrangement sont efficaces, le tout est particulièrement alourdi par l'emphase inhérente au style de Meat Loaf. Un titre comme 'Elvis in Vegas' aurait par exemple pu être très efficace sans la mégatonne d'arrangements inutiles qui l'encombre, sans les soli qui ne vont nulle part, et en se débarrassant de ponts entre parler et chant qui brisent un peu le rythme. Exemple parmi beaucoup d'autres du manque d'efficacité et de concision des pistes.
Niveau interprétation rien de particulièrement transcendant. John Micelli est plat, tout le monde se borne à jouer correctement sans jamais emballer quoi que ce soit. May et Vai posent chacun un solo tout à fait anecdotique (ils l'auront tous deux oublié l'an prochain, je parie deux cacahuètes là dessus). Notons quand même que la voix de Meat Loaf n'est pas surchargée d'effets (il est même parfois un peu faux), ce qui ajoute un coté authentique à sa prestation. Un atout indéniable au milieu des prestations lubrifiées de ces dernières années.
Ce disque me laisse la facheuse impression d'être sorti parce qu'il fallait sortir un disque. Rien de particulier n'est transmi, rien ne se passe. Pour les fans du bonhomme, cela suffira sans doute. Pour les autres, ils préfèreront dans le genre la BO de Rocky Horror Picture Show, à laquelle participe Meat Loaf ou le bon vieux succès "Bat Out of Hell". Ce "Hang Cool Teddy Bear" est donc loin d'être indispensable.