2000: un groupe explose les charts mondiaux avec le néo-métal de "Hybrid Theory". 2010: dix ans plus tard jour pour jour, Linkin Park revient avec son quatrième album (sans compter les deux remix).
S’il est clair que les fans de la première heure ne retrouveront pas les frissons des premières sonorités de "Hybrid Theory", ils seront tout de même intéressés de connaître le virage musical que continue de donner le combo à sa musique. Après le fourre-tout révolutionnaire rap, métal, électro de "Hybrid Theory", Linkin Park avait totalement laissé de côté l’aspect métal de sa musique pour se concentrer sur une pop alternative (après la parenthèse électro de "Reanimation") comme en témoigne "Minutes To Midnight" manquant singulièrement de consistance.
Et c’est plus que jamais le cas sur ce nouvel opus, véritable lexique pop électro de ce qu’il faut faire pour atteindre les sommets des charts mondiaux. "A Thousand Suns" laisse place à une musique totalement épurée se concentrant sur le strict minimum, à savoir une ligne mélodique électro directrice ("Jornada del Muerto"). Les derniers vestiges des débuts métalliques du combo rejaillissent sur le seul "Blackout" prouvant que Linkin Park a encore de l’énergie, hurlements de Chester Bennington à l’appui, mix électro syncopés, scratch rap même si au final, le refrain reste encore trop lisse… Pour d’autres raisons, "When They Come For Me" pourra faire son petit effet avec son faux rythme constitué d’un chorus rap et son refrain/onomatopée entêtant se clôturant sur un final tribal.
Mais globalement que pouvons-nous ressortir de cet opus ? Pas grand chose en fait, et c’est bien là tout le problème. A trop vouloir rassembler un maximum, en ratissant aussi large que possible sans pour autant exploiter au maximum chaque style emprunté, nous nous retrouvons face à un album fourre-tout sans saveur. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter "The Catalyst": s’il peut évoquer certains titres électro de "Reanimation ", contrairement à ces derniers, les passagers attendront en vain un décollage supersonique pour se voir proposer un gentillet tour de manège… Pire, les sommets de la désuétude sont atteints avec "Iridescent" et son refrain repris par une chorale enfantine façon "Heal The World" de Michael Jackson.
Avec "A Thousand Suns", Linkin Park prouve à nouveau qu'il a complètement assimilé la recette du parfait petit album touche-à-tout pour auditeur lambda aux goûts façonnés par des années d’écoute de musiques aseptisées. Dans ces conditions, à n’en pas douter, ce quatrième album atteindra les sommets des charts, diffusions mondiales en boucle de singles à l’appui… Mais qu’elle semble loin l’énergie des débuts ! Dommage même si, pour être franc, nous n’attendions plus à rien en provenance de la bande de Mike Shinonda et Chester Bennington.