Un premier album est souvent marqué par l’empreinte de pas hésitants, la manifestation en musique que le groupe se cherche encore. Hantée par un cortège d’influences parmi lesquelles se manifestent plus franchement Faith No More, Mastodon, Metallica, Strapping Young Lad, voire Dream Theater, Hookah The Fuzz, formation novice venue du Royaume-Uni, possède tous les symptômes de cette quête identitaire.
Effectivement, loin d’être encore sevré, HTF se fait quand-même l’artisan d’un travail qui n’en demeure pas dénué d’un intérêt certain, et pas des moindres à vrai dire. Echafaudant des constructions qui prennent l’allure d’un métal progressif délirant selon leurs propos, le jeune quintet pratique l’assemblage à outrance, formant un patchwork de plans puisant dans un référentiel impressionnant. Comme un poing levé dans cette foule, le métal est tout de même prédominant, véritable fil d’Ariane guidant cet opus de plus d’une heure d’un bout à l’autre de ces huit pavés.
Sur chaque chapitre de cet éponyme, se développe ainsi un métal dans toute sa progressivité, jouant sans cesse des alternances de plans et de tempos, tendant presque parfois vers des schémas d’un "The Dance Of Eternity" du Théâtre de Rêve. Les pistes étant également toutes d’une longueur dépassant les six minutes, la richesse musicale de chacune a le temps de déployer ses ailes imposantes. Pour parfaire à se foisonnement d’idées, de colorer l’intérieur de ses clôtures électriques, la bande à Si Jefferies, frontman au timbre non loin de celui de James Hetfield dans les parties le plus éraillées, s’aventure dans pléthores de transitions jazz, funk ou même reggae ; un vernis fringant de groove qu’agrémentent aussi quelques soli de guitares souvent bien trouvés et de gros claviers typés 90’s.
Dans ce bouillonnement créatif, faute à une pardonnable confusion de jeunesse entre vitesse et précipitation, la ligne directrice se perd malheureusement souvent, le puzzle semble globalement quelque peu éclaté, et l’on ne se sait plus trop où l'on en est, ni quelle est la trame à suivre ; la succession de plans-séquences favorise la stimulation des sens tout autant que leur désorientation.
Hookah The Fuzz aurait tout intérêt, sinon à s’émanciper un peu de ses muses, au moins de mettre un peu d’ordre dans son fourbi. Avant une prochaine livraison peut-être plus structurée, voilà un colis qui mérite tout de même amplement d’être ouvert afin d’en apprécier son opulente variété.