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Les années 90 sont une période difficile pour Slayer. Le thrash est au creux de la vague depuis déjà de longues années et chez le quartet de Huntington Beach, l'inspiration est en berne. Kerry King, incapable de pondre le moindre morceau, délègue alors l'essentiel des compositions à Jeff Hanneman, qui fera de son mieux... Mais pour lui aussi, les années de gloire consécutives à l'écriture de titres mythiques comme "Angel Of Death" ne sont plus qu'un lointain souvenir. Après Undisputed Attitude, un album de reprises punk qui ne laissait planer aucun doute quant aux difficultés traversées par le groupe, voici donc Diabolus In Musica, septième offrande de Slayer. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la galette n'arrangera rien à la situation !
En effet, pour la première fois, Slayer se retrouve dans une position de suiveur sur le plan stylistique. L'album tout entier, régulièrement décrit comme le plus expérimental du combo, est une tentative de faire coïncider l'esprit du thrash avec la modernité du nu-metal à l'américaine. De l'accordage des guitares au mid-tempo poisseux qui caractérise une majorité des morceaux (l'excellent "Desire" par exemple), en passant par la disparition du fameux logo sur la pochette, c'est un thrash résolument moderne qui est proposé aux auditeurs. Moderne et même à la limite du crossovoer par moments, tant l'esthétique musicale habituelle de Slayer semble diffuse ici. Hormis certaines percées furibardes (les breaks de "Perversions Of Pain" et de "Scrum", ou encore "Point"), on peine à se rappeler les marques de fabrique de la maison. Autant dire que les fans de Reign In Blood ont de quoi déchanter.
Pourtant, tout n'est pas à jeter, bien au contraire. Seul maître à bord, Hanneman s'amuse à sortir des sentiers battus, avec plus ou moins de réussite. Certains riffs fonctionnent du tonnerre ("In The Name Of God" et son mid-tempo à la "Skeletons Of Society"), et si la qualité d'un "Bitter Peace" mollasson demeure discutable, celle d'un "Stain Of Mind" très énervé est la preuve que tout espoir n'est pas perdu. Ce sera d'ailleurs le seul titre issu de l'album à être incorporé aux setlists du groupe, une forme de désaveu explicite qui reflète un inconfort palpable. Conscients d'être proches du point de rupture, les musiciens se démènent pour laisser une bonne impression, Tom Araya en tête, qui prend un malin plaisir à moduler sa voix, parfois par le biais d'effets pas toujours réussis ("Overt Enemy") et à faire sonner sa basse comme rarement. Bostaph lui aussi est en pleine forme, et comme il l'avait déjà montré sur Divine Intervention. Il est le ciment qui permet à l'édifice de ne pas s'effondrer. Plus qu'un remplaçant, ce bûcheron est probablement l'homme qui sauva Slayer du split durant cette décennie troublée... King, lui, est aux abonnés absents et mêmes ses soli caractéristiques semblent bien fades. Il avouera lui-même plus tard avoir traversé une période difficile sur le plan artistique.
Avec Diabolus In Musica, Slayer prend le risque du renouvellement, un risque calculé mais qui exposera une fois de plus la formation aux critiques. Comme à l'accoutumée, celles-ci seront divisées, entre réactionnaires regrettant le son classique des années 80 et amateurs de nouveauté n'hésitant pas à lapider l'apparent immobilisme du groupe. Le même constat peut être établi à propos de South Of Heaven, à l'époque duquel le groupe traversait des difficultés similaires, ou plus récemment de World Painted Blood ; la rançon du succès sans doute... Car malgré les reproches adressés à ce disque, nombreux et souvent justifiés, Slayer est loin de l'échec commercial et entrera directement à la trente et unième position du Billboard la semaine de la sortie. Un score raisonnable compte tenu du contexte : dans une fin des années 90 extrêmement pénible pour la scène métal en général, Slayer fait alors figure de résistant forcené. Le groupe remontera la pente par la suite, mais traîne toujours ce disque comme une casserole, plus de dix ans après sa sortie... Une étiquette pas tout à fait méritée. - Site officiel
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LISTE DES PISTES:
01. Bitter Peace - 04:25 02. Death's Head - 03:24 03. Stain Of Mind - 03:20 04. Overt Enemy - 04:41 05. Perversions Of Pain - 05:33 06. Love To Hate - 03:01 07. Desire - 04:12 08. In The Name Of God - 03:33 09. Scrum - 02:15 10. Screaming From The Sky - 03:08 11. Point - 04:06
FORMATION:
Jeff Hanneman: Guitares Kerry King: Guitares Paul Bostaph: Batterie Tom Araya: Chant / Basse
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