Alors que Vulgar Unicorn a pondu en 1995 l’un des plus trépident album de rock progressif : "Under The Umbrella" n’eut pas en son temps la reconnaissance qu’il méritait. Nous espérons donc rendre la flamboyance à ce combo détonant qui fit paraître 5 albums en 9 ans dont 2 sous des noms d’emprunt (Persona Non Grata et Divadroid International). Non content de brouiller ainsi les cartes, le groupe contient en son sein un membre qui fera parler de lui dès les années 2000 avec sa propre formation : Pineapple Thief. En effet, Bruce Soord était le guitariste de Vulgar Unicorn même si le propos de ce dernier n’est pas franchement dans les lignes de fuites de PT, Vulgar Unicorn ayant plutôt été l’apôtre d’un rock progressif expérimental organisé faisant feu de tout bois en utilisant nombre d’instruments tout en croisant nombre de styles. "Under The Umbrella" a certainement eu la malchance de paraître à une période où le néo-progressif grandiloquent des Shadowland, Arena ou autres Landmarq était à son apogée. Pourtant édité par un label de qualité, le combo n’eut pas la tâche facile pour sortir du lot, mais à l’écoute de cet opus, il est évident qu’il est préférable d’apprécier le progressif déjanté et plus compliqué d’accès nécessitant plusieurs écoutes que la facilité des groupes précités.
Alors, qu’est-ce qui fait que "Under The Umbrella" récolte une aussi bonne note ? Eh bien, la configuration des lieux dans un premier temps -2 titres pour une heure- et la qualité des compositions. Le titre éponyme se trouve toutefois scindé en trois épiques, pour la forme pourra-t-on dire, puisque ces 3 suites sont irrémédiablement liées entre elles et ne sont en rien différentes. Tout au long des (presque) 45 minutes se croisent et s’entrecroisent des atmosphères tantôt jazzy, tantôt progressives, portées au paroxysme avec une ligne conductrice lovée dans un soucis permanent de la qualité et de la cohérence des thèmes (ce qui nous fait dire que ceux qui apprécient les dernières livraisons de Phideaux devraient y trouver leur compte). Des instruments inhabituels font ainsi leurs apparitions (saxophones, violon et trompette) et interviennent à propos par touches plus ou moins longues extrêmement bien choisies (à l’image de Gazpacho avec son "Nights").
Les textes sont soigneusement chantés par un invité (au nombre de quatre puisque seuls Neil Randall, Bruce Soord et Dave Hutchfield sont crédités comme membre du groupe) qui n’est pas forcément le meilleur des intervenants possible à ce poste mais qui y met une générosité et une tension chaleureuse bienvenue. Le dernier titre (disponible en bas de cette page) est basé sur un développement progressif finissant tout en puissance par un solo de guitares électriques incontrôlables et puissamment efficaces. Difficile de ne pas remettre le couvert à l’issue de l’écoute ! Par contre, le blanc de 4 minutes (avant un bref instrumental syncopé) situé à la fin de cette composition pourra être qualifié d’inutile au regard du restant de la livraison.
"Under The Umbrella" est un pan monstrueux du progressif des années 90 et ne manquera donc pas de plaire à tous les amateurs de cette époque pour peu qu’ils apprécient les longues compositions à dimensions variables. Comme les bons vins, cet opus se bonifie avec le temps prouvant que, si certains groupes de notre époque apportent effectivement de nouvelles ambiances, il était possible de le réussir bien auparavant. Un indispensable pour toute bonne CDThèque !
Nota : le titre "Under The Umbrella" est disponible en version démo sur l’album "Persona Non Grata" et montre que, si la version de 1995 est d’une rare qualité, celle de travail était déjà bien aboutie avec un mix remarquable pour un essai.