Vulgar Unicorn (Bruce Soord de Pineapple Thief et Neil Randall) revient aux affaires après 2 opus basés sur les mêmes développements mais très complémentaires au niveau du contenu. Fort de ces premiers très bons essais, les Britanniques remettent le couvert mais se sont gardés de reproduire le même schéma. En effet, plus de longues pièces à tiroirs, place à dix compositions toutes séparées par un blanc conventionnel et physiquement de longueur variable (seulement une au-delà de 10 minutes et trois de l’ordre de 7-8 minutes).
Comme pour les précédentes productions, le duo a fait appel à nombres d’intervenants (quatorze !) pour les seconder mais a décidé de laisser les vocaux des 6 compositions concernées à 3 voix qui posent ainsi leur gosier sur 2 titres chacun. Au niveau du contenu, le modernisme utilisé sur "Sleep With The Fishes" est bien sûr omniprésent mais, de par la construction de cet opus, il y a aussi nombre de plages qui lorgnent vers le progressif soyeux et envoûtant de la première œuvre ("I Saw The Messenger Of The New God There" et "It Didn’t Used To Be This Way" par exemple) couplés à l’utilisation de samples de voix permettant d’illustrer ici et là les titres à rallonge. Quatre instrumentaux parsèment l’opus, avec notamment un "Scherzo In C Minor" proche d’une sorte d’improvisation avec moult violons et autres instruments classiques, et "Secret Spot" donnant dans l’hypnotique, passé l’intro spatiale.
En ce qui concerne la longue suite introductive, celle-ci se trouve exactement aux croisées des chemins des 2 premiers opus : nappes de claviers, voix subtiles et soyeuses, batterie simpliste, nombreux breaks, guitares sur plusieurs pistes... : un condensé de la qualité des 2 fondateurs.
"Jet Set Radio" sera le dernier album du groupe sous le nom de Vulgar Unicorn et bouclera la boucle entamée avec "Under The Umbrella". Comme un signe, le groupe ne donnera plus signe de vie sous cette forme, ce qui lui permet de quitter le monde musical par la grande porte. Aussi recommandable que "Sleep With The Fishes", cet opus mérite que l’on y porte une oreille attentive, même si (et c’est le propre de VU), l’approche est toujours aussi délicate. Un disque qui, une fois passé la difficulté initiale, claque l’auditeur par sa grande variété et la démonstration faite par le grand talent de ses compositeurs.
Nous retrouverons les aventures de Vulgar Unicorn sous les noms de Divadroid International ou Persona Non Grata. Pour une meilleure commodité, MW les chroniquera sous le nom de Vulgar Unicorn.