GREY LOTUS: The Art Of Listening (ROCK ATMOSPHERIQUE) : avis / chronique à lire sur Music Waves

A la base fruit de la rencontre du chanteur Joost Verhagen et du guitariste Daan Arisz, Grey Lotus est un groupe qui nous vient des Pays-Bas et qui, à l'occasion de la sortie de son second disque, a complété son effectif du guitariste Martijn Scholte, naturellement porté vers des horizons expérimentaux.

Sur son site, le combo décrit sa musique comme mélancolique, nimbée d'une atmosphère rêveuse traversée de brusques fulgurances expérimentales. L'écoute de "The Art Of Listening" peut laisser penser que les promesses sont partiellement tenues.

Le côté mélancolique est certes prédominant et incontestable. La minimaliste introduction 'Short Song For You' donne le ton de l'album : accords discrets d'une guitare acoustique, chant à peine murmuré et empreint de nostalgie, l'ambiance n'est pas à la fête. Et les titres vont ainsi s'enchainer, chacun apportant son lot de spleen, entre mal-être et malaise. Si le jeu de guitares de 'Guardian Angel' rappelle les textures du "More" de Pink Floyd, le morceau distille un désespoir qui colle à des semelles de plomb, une atmosphère glauque, lancinante, angoissante, où l'on navigue dans un univers sombre et proche de la folie. Rien que par son titre, 'Song For Syd Barrett' n'incite pas à la gaieté. 'Disconnection' est joué sur un rythme lent et lancinant, le violon sur 'Not If' vient ajouter une touche d'amertume, 'Miscommunication' est angoissant de dépouillement et de répétitivité.

Un parti-pris artistique qui en vaut un autre. Là où le bât blesse, c'est que l'album est assez inégal tout en étant paradoxalement monotone. Le rythme résolument lent, l'économie de moyens (les chansons se résument souvent à un chant mezzo voce sur fond d'accords de guitare acoustique), l'absence de batterie, remplacée par une boîte à rythmes inexpressive, l'utilisation systématique de sons saturés sur les rares passages de guitare électriques, ne plaident pas en la faveur de cet album. Pour couronner le tout, les incursions expérimentales sont peu convaincantes, le paroxysme étant atteint sur 'The Murder II' peuplé de bruitages, sifflets, parasites et voix trafiquées sur une durée bien trop longue.

Pourtant certains titres ne manquent pas de charme. 'Short Song For You', 'The Murder', 'Guardian Angel', 'Concrete', 'Miscommunication' et 'Spiral Down' exercent un attrait par leur univers doux-amer, grâce notamment au chant, plus convaincant par ses intonations désenchantées que par la qualité du timbre ou l'amplitude vocale, et intelligemment mis en valeur par l'utilisation de thèmes vocaux entremêlés, en écho, hallucinés, inquiétants de froid désespoir, entre voix claire et voix trafiquée.

L'intérêt qu'on portera avec plus ou moins d'enthousiasme à "The Art Of Listening" est question de sensibilité : soit on arrive à s'immerger dans la fatalité lancinante de cette musique, soit on y reste hermétique. Dans ce cas, l'absence de mélodie, le manque de charisme et d'énergie, les traits saturés de guitare et la monotonie de la batterie programmée viendront vite à bout de la patience de l'auditeur. - Site officiel

GREY LOTUS

THE ART OF LISTENING

AUTOPRODUCTION

ROCK ATMOSPHERIQUE