"Coma Of Souls", 5ème album de Kreator en à peine plus de 5 ans, arrive alors que la formation allemande est en pleine confiance, rencontrant un large succès populaire et ne cessant de progresser au point de figurer à présent dans les formations majeures de la scène métallique mondiale, au-delà du simple créneau du thrash. Avec "Extreme Agression", on se demandait logiquement si Kreator allait continuer sur cette lancée et proposer le disque ultime qu'on le devine capable de faire. Et la réponse est positive. Avec un nouveau guitariste, Frank "Blackfire" Gosdzik, Kreator va proposer l'album phare de sa discographie, l'album absolu en matière de thrash germanique. En mélangeant toutes ses qualités avec un raffinement assez savant, le groupe réussit la synthèse parfaite. "Coma Of Souls" est un condensé efficace de brutalité, de mélodies, de refrains efficaces et d'une intelligence d'écriture d'une rare qualité. De plus, le groupe nous balance de grands titres, ajoutant de nouveaux classiques en puissance à sa déjà belle carrière.
Intelligence d'écriture car, une fois encore, Kreator prends particulièrement à cœur les problèmes de société et du monde moderne. "When The Sun Burns Red" et "People Of The Lie", les deux morceaux phares de l'album, en témoignent avec force et conviction. Le premier est un immense titre de thrash avec un excellent début acoustique mélodique, tandis que le second frappe où ça fait mal avec un refrain en forme de slogan qui fait un effet monstre. Comme grand titre, s'ajoute "Terror Zone" dans une veine plus posée. Seule la voix de Mille reste fidèle à elle-même, et il fait son effet avec une mélodie imparable et un autre bon refrain.
La suite n'a pas à rougir de la comparaison: "Coma Of Souls", "World Beyond" et "Agents Of Brutality sont d'autres titres revendicatifs, bien rentre-dedans et taillés dans l'acier. La batterie y fait office de mitraillette tandis qu'à la guitare, Mille et Frank ne font pas de quartiers en allant droit à l'essentiel avec riffs et soli incisifs. Il y a encore ces titres moins connus, ou moins mis en évidence, mais qui font leur effet, comme "Material World Paranoia", "Hidden Dictator" et "Mental Slavery". Parfaits représentants de ce que la formule Kreator est capable de faire de meilleur avec alternance entre passages brutaux et plus mélodiques, ils sont eux-aussi à mettre à l'honneur pour des thèmes que les paroles retranscrivent avec efficacité.
"Coma Of Souls" fait partie de ces albums sans faiblesses ni temps morts, de ceux qui marquent l'histoire d'un groupe et influencent toute une génération de fans et de musiciens. Avec lui, Kreator est arrivé au bout de sa démarche, il achève avec brio une première partie de carrière sans fautes. A présent, et alors que des courants musicaux toujours plus brutaux arrivent en force en ce début des années 90, il va lui falloir se réinventer sous peine de stagner, tant on ne voit pas comment il pourrait faire mieux dans son créneau. La suite de l'aventure s'annonce de toute façon très intéressante à suivre.